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8 décembre 2018

Un Type méprisable (Nikui an-chikushô) (1962) de Koreyoshi Kurahara

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Voilà décidément un auteur nippon que je ne connaissais guère des plus intéressants. Daisaku (Yûjirô Ishihara), son héros, vit à l'ère 2.0 avant l'heure : suractif, il enchaîne les émissions à la radio, à la télé, les films... Il est pour ce faire managé par la chtite Noriko (joli minois et personnage à la fois pur et espiègle) qui depuis deux ans l'a pris sous son aile ; particularité de ce couple : ils font tout ensemble... sauf baiser, comme pour préserver justement une certaine pureté entre eux... C'est bien sympa comme concept mais au bout d'un moment ça lasse, non ? Oui, en effet, le gars Daisaku semble avoir de plus en plus de mal à ne pas craquer... Plutôt que de rompre définitivement cette relation, il va se lancer en direct à la télé un défi : une jeune femme cherche un chauffeur pour ramener une jeep à un docteur habitant un des coins les plus retirés du Japon... Ces deux êtres correspondent depuis des mois et Daisaku se dit peut-être qu'il tient là un amour encore plus pur et dur que le sien. Rompant avec tous ses engagements médiatiques, il se lance dans cette aventure... Noriko, un rien vexée, se lance à sa poursuite : une façon de jouer leur amour platonique à quitte ou double - soit elle parvient à le retenir, soit cette "escapade" risque de constituer le point d'orgue de leur relation au point mort...

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Après une première partie survitaminée (Daisaku est un jeune con qui vit vite et qui ne se ménage guère pour la gloire : un homme pressé), on passe à une sorte de road movie beaucoup plus apaisé au niveau des mots – presque plus de dialogues ; Kurahara ne parvient peut-être pas totalement à nous passionner dans cette partie (et ce d'autant que ses cadres sont souvent trop resserrés pour qu'on profite pleinement du côté bucolique de la balade - à la découverte du Japon... Toutes ces villes où les gens s'amassent se ressemblent un peu trop) même si on ressent l'acharnement de la donzelle pour s'accrocher aux basques de son têtu de copain (méprisable, le gars ? Oui, un peu, mais surtout totalement investi dans ce qui constitue pour lui une mission test). La dernière partie - les deux parviennent avec chacun leur caisse dans cette partie très escarpée du Japon - passe la quatrième vitesse au niveau de l'intérêt : après avoir copieusement ignoré la jeune femme, Daisaku lui vient en aide (il remorque sa bagnole sur une route boueuse) et cet épisode éprouvant (qui aurait pu d’ailleurs se finir tragiquement) sonne leur réconciliation (genre de Fitzcarraldo amoureux : ils passent ensemble la colline, ils pourront aller en roue libre vers leur union).

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La pugnacité de la chtite finit par payer, sa réussite amoureuse prend d’autant plus d’éclat notamment par rapport à celui entre la femme de la jeep et son docteur : toutes les déclarations d'amour qu'ils avaient échangées n'avaient jamais passé le cap de la réalité – et lorsqu’ils se voient pour la première fois, ils restent méchamment empruntés ; à eux maintenant de construire leur amour. Cette petite galipette finale est assez bien vue, d'autant qu'on voyait mal comment Daisaku et sa douce pouvaient être capables de trouver un terrain d'entente après cette course poursuite souvent vaine. Kurahara, après avoir fait preuve d'un certain sens du rythme, livre un film toujours en mouvement mais où les sentiments s'embourbent ; cette jolie séquence métaphorique où les deux amants se retrouvent "au bord du gouffre" est peut-être un peu facile métaphoriquement mais fonctionne parfaitement. Après l'amour pur stérile, l'amour vache épuisant, le temps est enfin venu de la solidarité amoureuse. Très beau petit parcours amoureux nippons dans ces sixties décidément inépuisables.

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