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6 décembre 2018

Une Vie violente de Thierry de Peretti - 2017

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Un film très classique, pour ne pas dire pépère, mais qui aborde un thème jusqu'alors assez peu exploré : les agissements du FLNC dans la Corse déchirée des années 90, où les membres de l'organisation se scindèrent pour se livrer à une lutte fratricide assez éloignée des ambitions nationalistes et populaires des débuts. Le petit gars Stéphane, tête de lard qui avait réussi à s'extirper plus ou moins de cette guerre interne, est forcé de retourner sur l'île pour l'enterrement d'un de ses amis, liquidé par le camp adverse. L'occasion de revenir sur ses années de combat, en un long flash-back qui traverse ces sombres années et raconte les assassinats en pleine rue, les dangers de chaque instant, les débats d'idées, et surtout l'embrigadement de ces petits jeunes sans envergure dans un combat qui les dépasse. Et l'occasion pour de Peretti de parler de vengeance, puisque le bougre, malgré l'impossibilité de la tâche et sa perte assurée, va décider de faire payer les assassins de son pote. Une vision aux horizons bouchés, puisqu'on en sort avec l'impression que la Corse n'arrivera jamais à faire la paix avec les vieux démons du passé, que la violence y est intrinsèquement présente, et qu'il y aura toujours des gens pour se venger des gens qui ont vengé des gens qui...

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De Peretti n'a peut-être pas d'assez longs bras pour atteindre ses modèles américains (Scorsese) ou italiens (Garrone). Il lui manque le sens du rythme, du contrepoint et surtout de la mise en scène. Mais il a suffisamment contemplé ses idoles pour arriver à reproduire pas mal de leurs idées, et s'en sort honorablement, avec ses plans d'ensemble qui inscrivent la violence dans le paysage, avec ses coups d'éclat en pleine campagne ensoleillée, avec ses longues séquences tendues où le coup de feu peut partir à n'importe quel moment, avec ses personnages forts en gueule et borderline. Cependant, il réussit plus dans son discours que dans sa réalisation, sagement dans les marques. Le portrait de la Corse contemporaine est crédible, avec ses militants toujours au bord du ridicule, ses hommes de main violents et sans pitié, ses discours vibrants de patriotisme et ses petites frappes terrifiées par les actes qu'elles sont en train de commettre et par leurs conséquences. Assez fataliste, le film raconte que, même avec tous les efforts du monde, même en étant doté de cerveau et d'un sens politique aigu, on n'échappe pas à cette violence, que le cercle se referme toujours sur celui qui a choisi la voie de l'action armée. Dans une voie documentaire (un peu piétinée par des acteurs hésitants et maladroits), il contemple tristement son pays s'auto-détruire sous l'orgueil des hommes, sous les luttes de clans minuscules, et sous le regard des femmes, véritables personnages de second plan mais très justement représentées. Un film digne et juste, malgré tous ses défauts.

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