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2 novembre 2018

LIVRE : Ma Vie en morceaux de Dominique Ané - 2018

ma-vie-en-morceauxPetite ballade le long de l'oeuvre discrète et géniale de Dominique A, dont j'aime de plus en plus les albums. Le compère se prend ici au jeu de la biographie directe, après avoir biaisé et tourné autour du pot dans ses deux beaux récits précédents. Cette fois, il s'agit de lui, de ses pensées intimes, de son enfance solitaire, des collaborations et des amours. Il construit habilement son texte autour de ses chansons, plus précisément 26 morceaux de sa carrière qui sont autant de jalons pour raconter sa vie ; non pas tant ses préférés (il y a même une ou deux chansons qu'il avoue ne plus aimer), mais des moments importants de son existence, celle-là parce qu'elle lui rappelle un amour oublié, celle-ci parce qu'elle évoque une sensation ou un souvenir, celle-là parce qu'elle lui permet de raconter une rencontre ou une anecdote. Il faut être, je le reconnais, un vrai fan de Dominique A pour apprécier à sa juste valeur ce livre, qui sinon paraîtra un peu anecdotique, voire nombriliste. Mais quand on l'est, quand ces chansons connues par coeur (et dont il place le texte à la fin de chaque chapitre, faisant ainsi redécouvrir la beauté des paroles, leur métrique classique, leur aspect très littéraire et pas si mystérieux que ça) sont rappelées à notre mémoire, on apprécie énormément ces pages sensibles et douces qui évoquent un enfant à part dans une cité-dortoir sans intérêt, les premiers bricolages sonores dans un garage, l'émerveillement de sentir qu'on fait partie, enfin, d'un milieu, les doutes qui s'en suivent, les erreurs, les grandes joies, les tout petits faits qui bouleversent une vie (très beau chapitre sur cette fête dénichée par hasard dans un village anonyme, et qui ouvrit la porte d'une très jolie chanson), le prix du succès et des tournées à rallonge, les copains qui comptent puis qu'on perd de vue, qu'on quitte, qui meurent... Ané évoque Bashung, Manset, Daho, comme des repères, raconte ses collaborations avec des écrivains ou ses difficultés à écrire, dézingue comme à son habitude des albums entiers (dont un de mes préférés, Tout sera comme avant), et met souvent le doigt sur un truc impossible à décrire : le déclic de l'inspiration, la toute petite chose qui, par alchimie, va devenir une chanson. Il s'y montre d'une ambiguïté et d'une lucidité troublantes avec le succès et le public, réaffirme les liens douloureux avec son passé (un des meilleurs pour décrire ces petites villes de province sans caractère), et évoque ses difficultés à trouver le ton juste, à se renouveler, à travailler même. On est là face à une âme qui se dévoile en douceur, sans faire de bruit, et cet aspect est touchant en diable. Le livre fermé, on n'a qu'une envie, celle de réécouter ces chansons précieuses à l'aune de ces textes délicats, pour les redécouvrir autrement. Maintenant c'est vrai que si "Le courage des oiseaux", "Immortels" ou "Le convoi" vous laissent de marbre, vous resterez à côté du livre. Mais de toute façon, si ces chansons vous laissent de marbre, merci de quitter immédiatement ce blog.

Commentaires
M
L'écoutais, l'autre soir, parler de Ferrat ; bien aimé ce qu'il en disait, comment il le disait.
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