Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 octobre 2018

Le Kid du Texas (The Kid from Texas) de Kurt Neumann - 1950

vlcsnap-2018-10-30-22h09m49s009

Un bien beau travail que celui de Kurt Neumann et son équipe pour cette petite série B très plaisante qui tente de rendre justice à la vie (courte) et à l'oeuvre (sanglante) de Billy the Kid. Oubliez tout ce qu'on vous a dit : William Bonney alias Billy the Kid était tout sauf le malfrat sanguinaire qu'on veut nous faire croire. Le film tente de le réhabiliter en lui faisant prendre les traits du juvénile et intense Audie Murphy, et en dressant un portrait touchant de la légende de l'Ouest. Solitaire, torturé par son passé, pris dans un engrenage de violence qu'il regarde avec une pointe de tristesse derrière l'indifférence apparente, romantique mine de rien, amoureux secret, Billy était somme toute une victime de la société pugiliste de son époque. Neumann nous le présente comme un être mystérieux, presque mythique, qui arrive dans le film aussi discrètement qu'une ombre et tombera sous les balles de Pat Garrett en emportant avec lui son secret. Sa seule faille était Irene Kain, une autre victime du droit de cuissage des hommes, jeune femme de son âge qui l'obsède jusqu'à ce qu'elle lui soit fatale. Des faits, rien que des faits : dates à l'appui, le film raconte le personnage en se targuant d'une vérité qu'il a tout de même un peu de mal à nous faire avaler. Mais tant pis : il y a dans ce personnage, et dans l'interprétation très digne de Murphy, une aura de mystère qui fait plaisir à voir. Si le fim est mouvementé et nous donne notre ration de scènes coups de poing, on reste surtout accroché à la psychologie de ce voyou seul et triste, qui traîne son destin perdu d'avance en restant fidèle à son sentiment principal : la colère.

vlcsnap-2018-10-30-22h00m15s666

Dans un très beau travail sur la lumière et les couleurs, dans un festival de plans tous plus beaux les uns que les autres (malgré leur évidente modestie), dans un sens de l'épure qui ne prend jamais son spectateur pour un con en lui expliquant tout, le film rend vraiment justice à ce caractère complexe, et s'attache à des personnages parallèles délicieux : les deux seuls amis du Kid, un Mexicain converti à ses actes comme un disciple à Jésus (pas mal de récurrences bibliques là-dedans) et un pauvre ivrogne un peu lâche qui ira jusqu'au bout de son admiration, ont toute leur place pour s'exprimer au milieu des personnages habituels du genre, méchants torves, propriétaires vénaux et homme de main à la gâchette facile. Le contexte de la guerre est très bien rendu, en tant que vecteur de la violence de Billy, et cette résolution romantique tranche avec les happy ends habituels du western. Autre tendance assez inattendue : la violence très sèche, filmée parfois frontalement, comme dans ce plan d'une demi-seconde montrant un gars qui se prend une balle en plein visage, ou cette bagarre hyper-rapide terminée en quelques coups de poing. Ces scènes asez impressionnantes tranchent avec des scènes un peu trop lentes et étirées, qui font parfois perdre le rythme. Mais voilà un film d'une honnêteté totale et d'une intéressante intelligence dans ses choix.

 Go to the Mid-West

Commentaires
M
Longtemps je me suis moqué d' Audie Murphy, sa bouille de baigneur joufflu. Il mérite mieux que ça, me semble. Le gars finit par vous avoir à l'usure : la "modestie" (disons) de son jeu, sa quasi évanescence dans Un Américain bien tranquille si adéquate au personnage, ce regard qui ne regarde rien mais cligne seulement parfois au soleil, ce sourire assez rare, plutôt joli, mais totalement dénué d'érotisme. Pourtant, ce petit râblé solide aux joues de bébé finit par séduire et l'emporter... J'essaie régulièrement de trouver comment, pourquoi. <br /> <br /> Comment cette transparence, pourquoi cette neutralité finissent-elles par susciter de l'intérêt ? <br /> <br /> Audie Murphy aurait-il inventé l'under-playing ? ("Je ne suis pas un grand acteur", disait Alan Ladd, autre petit format, "mais je suis bon dans les silences") <br /> <br /> La sympathie machinale pour le boy next door ? <br /> <br /> Trop simple. Or, le gars Murphy est tout sauf simple. Trop propre pour ne pas cacher un vrai mauvais fond ou, mettons, un fond impropre, voire le chaos d'une âme dézinguée. <br /> <br /> Un mec estampillé "le plus médaillé de la 2e guerre mondiale" doit forcément être un teigneux excité, ou brimé, ou un branque, ou les trois. C'est-à-dire un zigue plus qu'intéressant pour le cinéma. Dans la vie, l' Audie refaisait sa guerre dans des cauchemars et des traumas qui ne le quittèrent pas. <br /> <br /> On l'aurait bien vu, devenu vieux chenu, tenir avec un poil de jubilation le rôle d'un vrai salopard chafouin, voire vicieux façon Reagan dans The Killers. Et sans doute eût-il été plus terrifiant. La trogne de poupon, see ? <br /> <br /> Mais comme il est mort à 46 ans, on ne peut guère faire autre chose que le supposer.
Répondre
Derniers commentaires