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28 octobre 2018

L'Armoire volante de Carlo Rim - 1948

Larmoire-volante-AKA-The-Cupboard-Was-Bare-1948-3

Ma mémé Marthe était fan de Fernandel. Aussi, pour lui rendre hommage, parce que j'avais envie d'un bon vieux machin du patrimoine, et pour chercher dans ce film vu 10 fois dans mes 7-12 ans quelques traces de mon enfance perdue, j'ai envoyé L'Armoire volante. Eh bien pour tout dire, ma mémé Marthe avait des goûts douteux en matière de cinéma. Je veux bien resituer ça dans le contexte douloureux de l'après-guerre, reconnaître que les Français avaient sûrement besoin à l'époque de divertissement facile, mais Carlo Rim atteint tout de même ici un point de non-retour dans l'indigent. Alfred Puc (Fernandel), brave percepteur sans histoire, consent à ce que sa vieille tante acariâtre fasse le voyage Paris-Clermont-Ferrand pour son déménagement, alors qu'il fait un froid de gueux. La vieille clamse pendant le voyage, les déménageurs la foutent dans l'armoire faute de mieux, mais voilà que le camion de déménagement est volé, avec la tata dedans. Puc commence alors une odyssée à travers Paris pour récupérer la fameuse armoire et le cadavre, odyssée qui se déroulera en grande partie dans un hôtel de passe qui a acheté tout un lot d'amoires identiques. C'est rigolo, puisque Fernandel est un modeste homme sage plongé dans un univers interlope, avec malfrats et filles légères de rigueur. Sur ce scénario maigrelet, Rim se débat pour rendre les séquences intéressantes. Mais les scènes d'action consistant à filmer Fernandel ouvrir des portes d'armoire, on s'ennuie un poil tout de même. Il n'y a rien à se mettre sous la dent dans ce film mal rythmé, mal écrit (une fin hyper décevante et bâclée, notamment) et mal joué : même notre héros national cachetonne sans passion, semblant se demander ce qu'il fout dans cette galère. A chaque scène, on devine le petit potentiel qu'un bon cinéaste aurait pu trouver là-dedans, ici un dialogue argotique croquignolet, là une pointe d'humour macabre, ici encore une critique larvée des moeurs légères des Français. Mais Rim ne voit rien, et saccage les maigres possibilités de ce scénario de court-métrage par un total manque d'imagination et de savoir-faire. Tout pourri.

Commentaires
M
La mémé Marthe, elle a meilleur goût que le petit-fils. <br /> <br /> Quel film étrange... Loin d'être pourri, c'est un bijou de noirceur saugrenue farfelue. Surréaliste, et/ou expressionniste, avec une froide distance, une liberté de ton, une noire dérision pas très éloignées du Maurice Tourneur de "Avec le sourire" (sans atteindre aux cimes de ce chef d'oeuvre absolu, oui, on est d'accord ) ... C'est vrai, la fin ne tient pas ses promesses, mais peut-être qu'au sortir de la guerre, n'était-il pas possible de clôturer sur du noir intégral, du cynisme total ? <br /> <br /> Carlo Rim (un sacré bonhomme, le bonhomme, digne de belle et grande estime, sur tous les plans) laisse néanmoins flotter son film entre horrifique et sérieux, grotesque et grinçant; et filme au poil la bizarre trombine dudit Fernandel , lui donne la géométrie ad hoc pour terrifier en se poilant et poiler en terrifiant. On lui a rarement vu cette dimension de gorgone risible, tragique et pitoyable. <br /> <br /> Tout le début, puis les scènes du camion macabre roulant dans la nuit, sont d'une froideur et d'une étrangeté proprement saisissantes. <br /> <br /> Mais on peut faire comme l'armoire : voler complètement à côté de la porte.
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