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23 octobre 2018

LIVRE : Reporter Criminel (Career Girls / Clash by Night) de James Ellroy - 2018

9782743645144,0-5417324Un peu de lecture récréative entre les deux tomes du Murakami, ça peut faire que du bien, surtout si c'est ce brave Ellroy qui nous la fournit. Récréation pour toutes les parties, hein, puisque le sieur ne s'épuise pas dans ces deux courts textes rassemblés ici. C'est du Ellroy de transition, histoire de ne pas perdre la main entre deux grosses pavasses, légèrement bâclé au niveau de l'enquête, pas très ambitieux au niveau de l'écriture, bon ; mais ça reste suffisamment intéressant pour qu'on ferme une nouvelle fois les yeux sur cette tendance à racler ses fonds de tiroir pour en extirper les billets verts destinés à payer ses impôts. Voici donc deux enquêtes policières réelles, relevées façon rapport de police, qui ont toutes deux en commun de rassembler les tendances les plus morbides et les plus récurrentes de leur auteur : d'un côté l'assassinat sordide de deux jeunes filles en fleur, de l'autre celui du jeune acteur Sal Mineo. Innocence brisée et Hollywood meurtri, bienvenue chez le Ellroy dans ses baskets thématiques.

Les deux enquêtes ont aussi ceci de commun que la police a butté très longtemps sur leur résolution, parfois des années. Ces textes tendent à démontrer que les enquêteurs, sur la pression des média et du public, font souvent des erreurs, accusant un suspect facile alors que la vérité est ailleurs. Dans la première affaire (Career Girls), il faudra la récidive du meurtrier pour parvenir enfin à le coincer ; dans la deuxième (Clash by Night), c'est un méli-mélo de faux témoignages, de présomptions et de calomnies (Mineo était gay, très libéré et célèbre, un nid à scandales) qui mènera à la solution du mystère. Ellroy écrit plus que jamais court, sec, cette fois il ne laisse jamais ses sentiments prendre le dessus. Les textes sont écrits comme des procès-verbaux, avec de temps en temps des onomatopées qui doivent être celles poussées par l'auteur à chaque retournement de situation qu'il repère dans ces dossiers arides. A peine ça et là voit-on percer un sarcasme dans la narration des affaires, ou une véritable empathie pour ces jeunes nanas massacrées ou pour ces jeunes idiots accusés à tort. Sinon, c'est des faits et rien que des faits, comme un rapport d'autopsie. La laborieuse enquête est racontée par le menu, tout y passe des impasses et des fausses pistes, mais dans un style tellement rapide (les phrases font deux-trois mots) que le livre passe tout seul. Ellroy n'est pas du genre à faire son Bellemare, pas de tension dramatique, pas de coups de théâtre soigneusement pesé, pas de réflexion psychologique. A ce titre, les deux toutes petites postfaces qu'il place après ses textes sont étranges, sortes d'élégie désabusée sur le meurtre et ses victimes, à cheval entre un caractère réactionnaire assez dégueu (ces affaires ont eu lieu dans les années 60-70, et le gars adapte sa langue et ses réflexions) et véritable sentimentalisme doloriste. Bon, on ne hurlera pas au génie cette fois-ci, mais on appréciera ce nouveau voyage en enfer, qui fait patienter entre deux chefs-d'oeuvre (qui tardent un peu, cette fois-ci...)

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