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21 octobre 2018

Burroughs : The Movie (1983) de Howard Brookner

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Quatorze ans avant la mort de l'histrion du Festin Nu, Brookner composait un petit portrait de notre homme bien encadré : on y croise ainsi, notamment ce bon vieux Ginsberg et ses yeux de travers (son ancien amant), le gars Bacon qui passe à la bonne franquette, son (regretté) fils Mortimer (un peu trop sous « influence »), une poignée d'écrivains, son nouvel assistant et jeune amant... Entre deux lectures en public plus ou moins poilantes (qui donnent d’ailleurs envie de se replonger dans l'œuvre du Sieur dont on a lu finalement que quelques titres célèbres), des lectures qui laissent apprécier sa voix geignarde et son timbre légèrement nasillard, on découvre un William au naturel, un type un peu frêle qui manie sa canne avec dextérité, une ombre vivante dont on parvient à sentir parfois (miracle du cinéma...) toutes les effluves des produits qu'il s'est introduits dans les veines. Junky, le Burroughs, sans forcément en être fier, n'a aucun mal à l'admettre : une envie de planer dans les limbes apparue finalement très tôt chez un homme qui cherchait à fuir ses cauchemars ou son "côté sombre". Si finalement il est venu à l'écriture assez tardivement, cela n'a pas empêché notre gars grand voyageur par la suite, entre Tanger et Londres, de pondre de nombreux volumes qui furent autant de paver dans la mare de la trop sage littérature.

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Il est aussi question, bien entendu, de la mort de sa femme (cette triste histoire accidentelle... ne jamais jouer à Guillaume Tell quand on ne maîtrise pas son arme...) sur laquelle Burroughs revient très sommairement comme si la blessure était encore ouverte... Il semblerait bien (même si notre gars semble ne pas avoir eu toujours les idées très claires lors des faits) que cette mort fut en rien préméditée... (si ce n'est par sa compagne elle-même qui avait apparemment des tendances suicidaires mais baste...). Notre grand homme fait aller sa longue silhouette décharnée à travers les rues de son enfance, laisse toujours paraître un faciès "à la Cohen" pas forcément très expressive mais dont on sent toujours, dans les yeux, transparaître un petit éclat moqueur et se lance dans des petites discussions sur l'art, ses influences, ses parents au gré des rencontres ("excellente" la réaction du frère qui n'a jamais pu finir un ouvrage de William : de la littérature intorchable avec des propos choquant, quelle horreur !... Le Burroughs, impassible - et sûrement depuis bien longtemps au-dessus de ce genre de considération et d’avis -, ne relève même pas : on n'a pas choisi sa famille... Un portrait tourné dans une certaine "intimité" (avec des morceaux de doc tournés par Di Cillo avec Jarmush au son... c'est pour l'anecdote) qui donne à voir notre homme prendre un certain plaisir à donner sa prose à un public de tout âge. Même si l'on revient assez peu sur l'aspect "créatif" de cet ovni littéraire que fut Burroughs (tout en évoquant malgré tout cette fameuse technique de coller deux moitiés de pages, prises au hasard, pour créer un nouveau texte), on prend un certain plaisir à marcher dans les pas de cette légende (alors) vivante à l'univers mental définitivement hors-norme.   

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The Criterion Collection

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