Quand la Chair est faible (Juninatten) (1940) de Per Lindberg
Ingrid Bergman avant Ingrid Bergman, ça donne quoi ? Eh bien au-delà de la présence d'Ingrid Bergman (belle à croquer, un peu comme une pomme verte tout juste sortie du frigo), pas grand-chose, si ce n'est un soupçon de romantisme (tragique puis passionnel), de Friends à la suédoise (ah la vie en colloc à Stockholm dans les 40's, c'était pas rien) et de facilités scénaristiques (le hasard, une fois, mais mille fois, non). Soit donc notre Ingrid qui, dès le départ, après une petite rixe avec son amoureux de marin qui a la tête près du pompon, se prend une balle dans le cœur. Oups. Ça pourrait sentir d'entrée de jeu la métaphore (une première histoire d'amour, hein, ça marque à vie) mais pas forcément... Et c'est déjà là que le bât blesse : elle l'aimait cet homme frustre ? Elle l'aimera encore ce type pas aidé ? Elle ? On a du mal à comprendre vraiment la psychologie de notre héroïne par rapport à cette première rencontre un rien brutale - elle a tenté, s'est pris une balle et semble depuis un peu entre deux eaux... Comme si c'était presque de sa faute. Bref. Suite à cette histoire qui défraie la chronique, elle change de nom et de ville et se retrouve donc dans une pharmacie dans la capitale. Elle ne tarde pas à se faire des copines, une infirmière maquée avec un beau docteur (il y a anguille), une responsable de standard maquée avec un journaliste (il y a anguille). Ingrid tente de refaire sa vie et d'oublier ce mauvais point au cœur... Ça discutaille sec avec ses amies et c'est là qu'on a dû tomber dans le « quatre heure »s - c'est pas inintéressant, hein, sociologiquement parlant, ces discussions, entre jeunes femmes, non, c'est juste que ça tourne un peu en rond, voyez. Lindberg a du mal à ouvrir son cadre sur la ville ou sur des situations un peu plus excitantes (on reste le plus souvent confiné dans l’appart) et l'on commence de s'ennuyer - oui, elle est jolie Ingrid, mais on se lasse de tout aussi.
Il va falloir attendre le dernier quart d'heure pour que les rebondissements surviennent : Ingrid reçoit la visite suprise de son ex (ce qui lui fout un coup au cœur... again), puis d'un docteur (coup de foudre… Elle leur doit la vie, faut dire), puis croise un journaliste (qui la reconnaît : scandale again ?). Ingrid tombe donc dans les bras de ce docteur bienveillant (qui oublie très vite qu'il était fiancé - c'est quand même Bergman, mes amis) et l'on a droit à une longue discussion sur l'oreiller qui fait la place belle aux mots doux, aux promesses de toute sorte et aux gros plans mettant en valeur le visage tout en pente douce de la belle... Un peu de violon, cela fait toujours chaud au cour... Ingrid voit ses problèmes (avec son ex, avec le journaliste, avec la fiancée) réglés en deux coups de cuiller à pot (ouais, les scénaristes règlent vite le truc) et peut enfin voir la vie d'un œil apaisé (ouf, enfin un plan oxygénant sur la nature !). De la tragédie au happy end romantique en passant par une pluie d'amies bienveillantes et riantes. Mouais, pas dangereux en soi, mais à réserver aux fans d'Ingrid. Un peu fade, sinon, man.