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3 septembre 2018

Gertrud (1964) de Carl Theodor Dreyer

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Je me faisais réellement une joie de revoir Gertrud du père Dreyer gardant de cette histoire d'amour à quatre un souvenir très lumineux et plein de vie (…). Je ne sais pas trop sous quelle drogue j'étais à l'époque mais j'aurais dû en garder une caisse. Attention, là on s'attaque à du Danois taillé du palissandre, du très lourd. Forcément, on ne peut qu'être assez soufflé par cette mise en scène au millimètre, ces plans-séquences sans un poil qui dépasse, ces éclairages qui tombent pile-poil sur le visage ou le regard des personnages. Tout cela est pensé, écrit à l'avance dans le moindre détail, sans aucune place à la surprise. Mais mon Dieu, ce texte est récité avec une telle lenteur qu'il ferait passer du Rohmer pour du Bérurier noir et ces acteurs, qui croisent jamais leur regard, semblent avoir peur d'exprimer une émotion imprévue : franchement, c'est méchamment plombant... J'ai dû m'y reprendre à trois fois, avec à chaque fois l'impression qu'un des acteurs m'avait mis un coup de marteau sur la tête au bout de quarante minutes. Un peu fébrile sur l'action.

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Après, oui, cette histoire d'amour a du fond à défaut d'être hilarante (...). Ma pauvre Gertrud est écartelée entre son passé (un poète qui parle très bien d'amour mais qui se révèle incapable d'aimer - son travail semblant passer avant le reste ; il se repentira mais trop tard), son présent (un mari avec trois balais dans le cul plus intéressé par sa carrière politique que par sa femme - il se repentira itou mais personne n'y croit ; il poussera alors un coup de gueule retentissant qui m’a fait bondir, le con) et son futur (un jeune musicien talentueux qui se révèle rapidement un salopiot de vantard, content d’évoquer en public ses différentes conquêtes). Bref trois types qui feraient passer toute l'intelligentsia danoise pour des êtres sans âmes, beaux parleurs mais incapables d'aimer de toute leur âme ou de faire jouir leur prochain... Notre pauvre Gertrud qui chante comme un disque, qui n'a qu'empathie pour l'homme qu'elle aime, se retrouve tristement et prématurément déçue par la life... De honte, de rage, par désespoir, par désir d'oublier, elle préfèrera partir sur Paris (sûrement l'enfer pour le Danois plus froid que mon congèle). On a beau retrouver avec plaisir ces séquences amoureuses en extérieur teinté d'un brin de romantisme suranné, ces flashs-back ultra lumineux d'un temps « perdu » (une rencontre pleine d'espoir, une déception amoureuse), on avouera en rougissant un peu que ce Gertrud reste un grand classique irréprochable dans sa rigueur scénique et son écriture mais capable d'endormir un mammouth lancé sur sa proie. Diablement austère. De bois. Un peu calmé du coup par rapport à mon désir de me retaper les grands classiques de ce cinéaste. Mais ça reviendra.

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 The Criterion Collection

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