Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 août 2018

L'Esprit s'amuse (Blithe Spirit) (1945) de David Lean

vlcsnap-2018-08-24-13h46m06s479

Petite crème anglaise amusante qui convoque donc, en huis-clos, les morts et qui peut gentiment prêter à sourire au niveau de la double-lecture. Nous voici donc dans une maison anglaise avec un couple parfait (Rex Regis Harrison, à quatre épingles, et Constance Cummings et ses mignonnes petites taches de rousseur) filmé comme il se doit dans un bien joli technicolor (Ronald Neame, as usual, aux manettes). Le mari a des velléités d'écrire sur la magie (et ses intermédiaires) et convoque donc chez lui, un soir, avec un autre couple un rien coincé, l'exubérante Margaret Rutherford (totalement en free-lance, un mix de Marthe Villalonga et de Jackie Sardou (c'est bas) à l'anglaise). Cette dernière rentre en transe et après une mise en scène qui dure des plombes finit par faire apparaître l'ex de Rex, Elvira (Kay Hammond, peinte en verte), disparue il y a deux ans de cela... Panique chez le Rex (qui est le seul à la voir) et panique chez Constance qui se met à douter de la stabilité mentale (et du niveau d'alcoolisme) de son cher et tendre... Kay s'incruste et l'on comprend rapidement qu'elle mènera jusqu'au bout la vie dure à Constance - une sorte de combat à mort entre les deux femmes face à un Rex quelque peu dérouté...

vlcsnap-2018-08-24-13h46m35s704

vlcsnap-2018-08-24-13h46m54s343

On est un peu au théâtre ce soir (un salon, une poignée de personnages - dont Blanche Gardin en servante speed, puis neurasthénique) même si la mise en scène est assez dynamique. Petit problème malgré tout, les dialogues tournent un peu en rond et les gags sont un peu fastidieux (tu la vois Elvira ou non ? Regarde elle peut soulever le pot de fleur ! Oh mon Dieu). Kay-Elvira s'impose vite comme l'esprit troublé et troublant de l'histoire et il est bien difficile de ne pas voir en elle le concept suivant : un homme (ou une femme, on s'entend) n'est-il pas amené à polluer sa relation amoureuse avec les références à son ex (ou à ses amours passées) ? Lorsque l'on met cette petite grille d'analyse en place, force est de constater que le pépère Rex (entouré dorénavant de deux femmes) se laisse un peu griser par cette situation, gardant un pied (nostalgique) dans le passé (même si la Kay n'est pas de tout repos) et un pied dans le présent (titillant ainsi les nerfs de sa femme très vite jalouse de ce ménage à trois). Rex subit, en un sens (il n'a jamais souhaité ce retour inopiné), tout en semblant aisément s'accommoder de la situation (cela l'amuse de voir sa femme un peu plus possessive, dirait-on). Seulement voilà, la situation va vite s'envenimer (ne jamais laisser deux femmes ensemble, même quand l'une est morte) et un drame va se nouer - sans que cela d’ailleurs semble réellement affecter  notre Rex, décidément nanti d'un flegme à toute épreuve : les femmes font le spectacle, les hommes demeurant d'humble spectateur... Malgré un petit rebondissement aux deux-tiers, on reste quand même souvent un peu passif devant cette comédie qui sent trop le renfermé - les répliques et les situations manquent de piquant et, pour être franc, de drôlerie. On suit tout de même avec une certaine bienveillance ce curieux ménage à trois grâce à une certaine verve chez les acteurs ; les esprits feront des siennes jusqu'au bout et proposeront un final croquignolet. Sympathique comédie anglaise à double sens qui manque malgré tout un peu d'épices.

vlcsnap-2018-08-24-13h47m30s202

 The Criterion Collection

Commentaires
Derniers commentaires