King of Jazz (1930) de John Murray Anderson
J'avais honteusement peur de m'ennuyer devant cette petite chose joliment colorisée et composée uniquement de morceaux musicaux : eh bien cela n'a pas loupé. Oui, je ne suis pas un grand fan du genre, certes, et je me dois en toute humilité de nuancer mon propos. Mais l'essentiel est là : tous ces cuivres, c'est vite assommant. Pour malgré tout tenter de positiver, reconnaissons que le budget costume est égal au détournement d'argent du conseil général de Mayotte (et c'est pas rien), que les décors pètent parfois le feu (ambiance carnaval avec ces immenses pans de décors qui tournent, qui bougent), et, comme dirait mon grand-oncle qui ne manquait jamais un défilé de majorettes, qu'il y a de la cuisse. Certains numéros possèdent un certain souffle (Rhapsody in blue (tout en vert) sort la cavalerie lourde, le numéro sur le mariage est gentiment doucereux et léger, et le final (où l'on évoque toutes les influences européennes sur la musique ricaine (des cornemuses écossaises au flamenco en passant par des trompettes interprétant sereinement La Marseillaise)) est franchement époustouflant par le nombre d’instruments qui s’y côtoient (C’était pas encore la crise, diable).
On ne manquait en effet pas de figurants à cette époque et le set se retrouve rapidement envahi par tout un orchestre, 15.000 joueurs de cornemuse (en tournée bientôt sur Pézenas) ou par une tribu de donzelle qui n'ont jamais froid aux yeux pour exhiber leur mollet ou leur jarretière - et avec le sourire, madame, c'était ça la vraie joie de vivre en ce temps-là. En ce qui concerne les numéros chantés en trio (comiques ? pseudo comiques ?) ou les micro-sketches « drolatiques », là je passe définitivement mon tour, préférant souvent poser, lors de ces intermèdes pénibles, un regard un brin dépité sur mon chat - qui, lui, de son côté se fout royalement de tout. Pour conclure sur une note plus enjouée, évoquons les moments croquignolets avec l'apparition de gamines tout sourire (la petite black est parfaite), un numéro comique (oui, un seul) qui m'a arraché un sourire forcé (un type avec des palmes qui joue de la pompe ! Et il en joue plutôt bien, le bougre, avec son petit air sous-chaplinesque), la présence de deux faux oiseaux très lynchiens ou encore la danse africaine (d'un certain Jacques Cartier !) effectuée sur un tam-tam en intro du Rhapsody in blue du gars Gershwin. Cette petite gâterie demeure parfaite pour les amateurs de grand spectacle broadwayen ou, pour boucler la boucle, pour cet extraordinaire festival de couleurs vintage - qui risquent tout de même de péter la vision à vie des daltoniens. Donc avis aux et attention aux.