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Shangols
REALISATEURS
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4 juillet 2018

La Journée des Violents (Day of the Badman) de Harry Keller - 1958

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Si la psychologie est la plupart du temps rédhibitoire au cinéma, je dois avouer qu'elle est pour moi un plus dans le genre réputé bourrin du western. J'aime bien que ces cow-boys crasseux aient autre chose dans la tête que "se venger du méchant" ou "arriver à conduire ce putain de troupeau dans l'Oklahoma", et qu'ils puissent se trouver face à des dilemmes plus moraux. On est servi avec ce quasi-remake de High Noon, western presque complètement privé de violence, qui se passe uniquement dans l'attente et qui offre à ses personnages toute une ribambelle de choix moraux à entreprendre. Oui, alors attention : remake de High Noon, oui, dans le scénario, mais on en est quand même très loin dans tout le reste. Harry Keller est un réalisateur très pâlichon, qui fait le travail sans faire de bruit, au minimum syndical ; et son héros, Fred MacMurray est fade et figé tout du long. Le film manque sérieusement de glamour et de pics pour emporter l'adhésion, et on ne note strictement aucune scène qui sorte du lot : ça déroule le script sans style, et s'achemine pépère vers sa fin (qu'on devine deux minutes après le générique de début).

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Mais à la gloire de ce petit film intéressant tout de même, notons plusieurs choses. Son scénario, d'abord, qui tient merveilleusement sur 1h20, sans une once de gras ou de scènes en trop. Un juge doit rendre un arrêt de mort envers un hors-la-loi coupable de meurtre. Mais les frères, puis les cousins de ce dernier arrivent en ville, bien décidés soit à faire flancher le juge, soit à mettre la ville à feu et à sang si la sentence est exécutée. Quatre hommes patibulaires (dont Lee Van Cleef, c'est dire la gueule des mecs) qui vont terroriser les habitants et les convaincre flingues à la main de ne pas voter la pendaison. L'épicier, le shérif, les notables du coin, et jusqu'à la veuve éplorée subiront la pression des félons, et passeront de l'autre côté. Seul face à eux, le juge parviendra-t-il à conserver sa dignité ? A 11h, le jugement sera rendu... Parfait suspense, qui se déroule en une journée, entièrement tendu vers ces quelques mots que devra prononcer le gars, tourmenté en plus par la trahison de sa belle (Joan Weldon) : le western, même fadasse dans le style, même dépourvu de "récréations" (pas de chevaux emballés, peu de bagarres, pas de sortie de la ville, pas de duels sauf le final), est tendu comme un string. Cette unité de temps, de lieu et d'action rappelle la tragédie grecque, et Keller sait au bon moment ouvrir les vannes d'un certain lyrisme bigger than life (l'avancée de l'accusé dans les rues de la ville pour aller entendre son jugement). Cet abandon de tous et l'héroïsme du juge qui devra seul faire face aux bad guys constitue la partie la plus attachante du film, et si MacMurray n'est pas Gary Cooper, on flippe bien quand même sa race.

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Ensuite, il y a là-dedans quelques seconds rôles parfaits, à commencer par le méchant en chef, super convaincant, original et drôle : Robert Middleton construit un personnage rigolard et suave, brutal et sadique, qu'on aimerait pas croiser au coin d'une rue. La famile Hayes est d'ailleurs dans son ensemble superbe, avec ce petit frère impulsif, et ce Lee Van Cleef impavide et froid comme un serpent. Côté féminin, le film est très convaincant aussi, surtout par la plus value de la super-bitch Marie Windsor, qui arrive à jouer sur tous les tableaux tel un Clint Eastwood en jupon. Ajoutez à ça une musique agréable et discrète, et vous passez 1h20 sympathoche devant un bon vieux machin assaisonné au poil.

daybadman2

 Go to the Mid-West

Commentaires
J
Tiens, Villeret et Van Cleef avaient monté un duo...
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