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12 février 2020

13 Novembre : Fluctuat Nec Mergitur (2018) de Jules et Gédéon Naudet

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Réalisé avec une grande sobriété - on ne cherche pas le témoignage de "pleureurs" par excès - et une belle rigueur, le doc interroge de nombreux témoins des attentats du 13 novembre, au stade de France, en terrasse des cafés et surtout au Bataclan (notamment les personnes prises en otage par deux des terroristes). Pour toutes ces personnes qui ont dû faire face littéralement à la mort, il s'agit de revenir sur les diverses émotions qui les ont traversées le jour J... On reçoit forcément en pleine tronche ces témoignages pesés, réfléchis et encore emplis d'horreur. Il y a certes des paroles qui vous coupent en deux et vous arrachent des larmes (Bilal avouant, impuissant, qu'il n'avait su protéger son enfant, le patron de café qui découvre la mort de proches...), des paroles qui vous glacent les sangs (les otages du Bataclan croisant le regard vide des terroristes...) ou encore des propos qui, malgré tout, parviennent encore à vous faire sourire (la super jeune femme qui n'a jamais compris les types qui sortent en soirée en jogging et qui sent qu'elle va se faire assassiner bêtement par l'un de ces connards...). Ce qui prime, avant tout, c'est la tonne d'humanité qui ressort de ces témoignages, que ce soit dans les actes "lâches" (on s'entend vu les circonstances extrêmes) comme dans les actes "héroïques" : chacun tente de montrer la petite lueur d'humanité qui les a toujours animés alors qu'ils voyaient des corps tomber (pourquoi lui et pas moi), alors qu'ils voyaient leur derniers instants arrivés (l'ultime pensée grave ou futile), alors qu'ils tentaient de protéger un proche (en les recouvrant simplement de leur propre corps). Ce qui revient souvent dans ces témoignages, c'est ce mot de "silence" : celui qui "tombait" sur eux comme une chape de plomb après la fin d'un chargeur (et le cliquetis effrayant pour recharger l’arme), celui qui suivait, dans le vide intersidéral et infernal de ce carnage inhumain, les cris des blessés, le râle des agonisants. Comment bien sûr ne pas évoquer toutes ces personnes qui, dans l'urgence, ont eu la présence d'esprit de faire un garrot, de parler à un inconnu en train de mourir, de rassurer par un regard un frère humain touché par les balles de ces jeunes cons décérébrés. Pas facile de se taper à la suite les trois épisodes, même si finalement, malgré l'enfer traversé par ces gens, il se dégage une force de vie incroyable, en l'amour de son prochain ou dans les petites joies de cette satanée vie. Poignant, lourd mais touchant : on peut garder foi en l'humanité en saluant le courage de toutes ces personnes qui ont su dignement "partager" ces instants terribles d'intimité arrachée.   (Shang - 03/06/18)

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En effet, bien éprouvants, ces trois épisodes qui vous plongent dans l'horreur totale. Le film parvient subtilement à nous mettre "dans la peau" de ces petits gusses anonymes venus assister à un concert de rock et se retrouvant au coeur de la situation la plus extrême qui soit. Comment se comporterait-on dans ce cas-là ? Bien sûr, difficile de répondre, mais les Naudet, grâce à leur parfaite mise en scène et à la précision des témoignages qu'ils parviennent à obtenir, nous font frôler de si près l'émotion qu'on ressent dans ces cas-là, qu'on peut se poser la question. On est bien entendu bouleversé par tous ces témoignages, soigneusement choisis pour représenter tous les états possibles face à la violence : les héros, les philosophes, les gens qui perdent tous leurs moyens, les victimes d'une sorte de syndrome de Stockholm (un gars va jusqu'à bloquer la porte pour empêcher les flics d'entrer), les warriors, les désesépérés, les paniqués. Tous ces sentiments, humains, se sont exprimés au sein du Bataclan le 13 novembre, et tous sont magnifiquement restitués par la parole franche et honnête des survivants. Le pire étant qu'au milieu de ce chaos total, oui, l'humour est présent, le pathétique de la situation, l'amateurisme des terroristes, le trivial de certains détails (une fille qui prête son téléphone banane à un ravisseur pour négocier, un gars qui se fait rudoyer verbalement par un flic alors qu'il est pris en otage, un négociateur à l'accent toulousain intordable...) Le film a beau proposer des schémas circonstanciés du périple des terroristes à Paris ou de l'intérieur de la salle de concert, ou convoquer dans ses témoignages François Hollande, ce sont les paroles de témoins directs qui restent. Paroles prononcées par des types comme vous et moi, ni glorieux ni héroïques, mais confrontés soudain à cette apogée de l'horreur : les yeux de cette nana qui se brouillent encore au souvenir de la montagne de cadavres qu'elle voit avant de sortir de la salle, cette mâle posture du patron de bar quand il évoque la mort de sa femme, le calme apparent de ce jeune mec quand il relate les heures d'attente dans ce couloir, tout nous met face à l'humanité dans ce qu'elle a de plus fragile et de plus noble. Le procédé de mise en scène est effactivement très sobre : les gens, légèrement décadrés, dans une lumière chaude viennent raconter, et leur parole suffit à restituer la chose, sans recourir à des reconstitutions à la con ou à un abus d'images d'archive (même s'il y en a, et des impressionnantes). Un très beau travail tout de bienveillance et de mémoire.   (Gols - 12/02/20)

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