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10 mai 2018

Vent d'Ouest de Anonyme (et attribué quelques heures à Jean-Luc Godard) - 2018

Sans titre

Sur double injonction (un long métrage sélectionné au festival de Cannes et une lettre très motivante d'un collectif pour lui rappeler ses engagements politiques passés), JLG revient encore une fois d'outre-tombe et nous adresse ce court-métrage sépulcral et d'une jeunesse folle. Le bougre est encore bien branché sur l'actualité visiblement, puisque Vent d'Ouest, après Le Vent d'Est dans les années 70 qui écoutait les injonctions communistes de nos voisins européens, s'intéresse aux combats d'aujourd'hui, en l'occurrence la destruction de la ZAD de Notre-Dame des Landes. Le style est immédiatement reconnaissable : collage de sons, d'images d'archive, de tableaux de maître, d'écriture, de musique : le film ressemble à tout ce que fait JLG depuis 20 ans, et notamment au splendide Je vous Salue, Sarajevo, qui partage avec celui-ci une sorte de fulgurance romantique, de tristesse venue de la mort, et une façon de scruter inlassablement la même image pour en extraire un sens. Ici, les bulldozers et les tanks qui détruisent des bâtiments sur la ZAD : l'image, prise d'un drone qui évoque les frappes de guerre, constitue une grande partie du film. Elle est accompagnée de quelques cris de zadistes et surtout de la voix de JLG qui revient sur ses thèmes éternels : le cinéma a été remplacé par la technique, la règle a fini par manger l'exception, et toute révolte est vouée à l'échec. "La technique a pris le pas sur le geste", dit-il d'une voix mi-plaintive mi-prophétique, et on voit des techniciens mettre à bas les constructions fragiles du site. Le sentiment de tristesse jaillit immédiatement.

Sans titre 2

Mais Godard n'est pas de ce bois-là, et n'oublie pas, c'est le plus réjouissant, qu'il a été un vibrant militant jadis. Après ces images de destruction, il place quelques images d'hommes en lutte, un vent qui souffle bruyamment dans les arbres, et charge son film d'une révolte nouvelle : "Revenir à la vie depuis la mort, supprimer l'agonie" : le gars et son indignation sont toujours là, même à moitié-morts, même totalement isolés. Ce film est la plus belle réponse que Godard pouvait faire aux ors et à la futilité de Cannes ; les deux pieds sur terre, du côté des opprimés et des "vivants", en butte contre le pouvoir ("Vinci, Darty..."), mais bien conscient en même temps de la fin programmée des combats, il nous offre ces 5 minutes de poésie magnifique, à la fois simples et sibyllines, superbement montées (on dirait que Godard est de plus en plus habile dans le montage, c'est une merveille) et calmement indignées. De quoi en remontrer à toute la programmation du festival. Palme d'or attribuée.

Sans titre 3

Quelques heures après la sortie de ce film, il s'est avéré qu'il s'agissait d'un faux, une superbe imtation du maître. Mon enthousiasme est tel que je laisse le texte ci-dessus, reconnaissant sans souci m'être fait gravement avoir. Gloire à l'usurpateur !

God-Art, le culte : clique

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