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Shangols
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31 mars 2018

Old Joy (2007) de Kelly Reichardt

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Vous aimeriez partir en week-end avec un vieux pote et votre chien mais vous n'avez pas de pote, pas de chien ou tout simplement pas le temps ce week-end ? Alors je ne pourrais que vous conseiller ce petit film d'un peu plus d'une heure de Kelly Reichardt, une œuvre à la fois lumineuse, zen et un peu triste, aussi... La cinéaste nous a donné l'habitude de faire dans le minimaliste et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on est, ici, servi. Prenons un barbu forcément cool qui est resté une sorte d'ado attardé (pas d'attache, de l’herbe, no futur), un petit mecton avec son chien dont la femme est enceinte (joie et sérénité pour le futur ?... ben, pas forcément non plus vu le peu de youplaboum qui règne dans le couple) et emmenons les deux êtres et l’animal dans la forêt, à la recherche d'une source chaude bien cachée. C'est tout ? Oui c'est presque rien d'autant que les discussions entre nos deux vieilles connaissances sont rares... Encore un film chiant sur Shangols que nous allons encenser ? Alors déjà, sur un autre ton et puis, si l'on aime à lire entre les lignes on se rendra compte que la chose est sûrement beaucoup plus subtile et profonde qu'elle en a l'air.

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Force est de constater, rapidement, que nos deux hommes ne sont plus totalement sur la même longueur d'ondes ; nos deux jeunes adultes semblent avoir pris des voies différentes et, tout en gardant un fond d'estime l'un envers l'autre, on se rend compte que l'un comme l'autre ne partagent plus cette même communication d'âme, cette vieille camaraderie d'antan... Quand l'un parle, l'autre écoute sans guère réagir, quand ils picolent ils le font avec sobriété (et ça, hein, oui, tout est dit), quand ils ne se parlent plus chacun semble être ailleurs. Le point culminant de la balade, de ce petit voyage, de ce week-end entre potes sans poterie (on s'entend) a lieu lorsqu'ils atteignent enfin cette fameuse source chaude : chacun consomme sa bière fraîche dans un bain chaud (niveau 9 sur l'échelle de l'orgasme) et l'on pense que le temps est revenu des rires et des chants, d'une sorte de communion retrouvée... Ben pas vraiment puisque lorsque le barbu s'approche de son ami pour lui masser les épaules (geste pas forcément crypto-gay, juste une envie comme une autre de renouer, littéralement, le contact dans le bien-être), ce dernier a un petit sursaut nerveux, petit sursaut qui semble concentrer toute la tension qui existe dorénavant entre nos deux comparses... Comme si la totale confiance de l'un envers l'autre avait disparu, comme si notre petit mecton, plutôt qu'être corps et âme avec son pote, avait depuis longtemps l'esprit ailleurs. En une seconde, on a comme un concentré de cette histoire qui, en creux, démontre la subtile fêlure entre nos deux comparses... On pensait assister à un moment savoureux de partage, de retour amical vers le passé, de cohésion béate et l'on a droit à un petit objet fragile à l'image de cette amitié fêlée malgré elle. Très beau et très grand petit film triste.

Commentaires
S
Fugace osmose et charme insidieux, sels de pâmoison qui nous ôtent une grosse heure au malaise de la cacophonie contemporaine. Parenthèse à la nostalgie terrible aussi, car chose bien heureusement vécue mais bien souvent affreusement oubliée. Et puis ce luxe dépouillé d'une contribution de Yo La Tengo... Dirty Old Joy.
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