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1 mars 2018

LIVRE : La Facture (Fakturan) de Jonas Karlsson - 2014

9782330090715,0-4694161Sous le charme déjà de La Pièce, je continue mon exploration de l'oeuvre en mode mineur de Jonas Karlsson (qui est aussi acteur, hein, je reste dans la ligne du blog). Ma foi, c'est un peu en-dessous, dans l'écriture surtout, un peu facile parfois, mais ça reste un excellent livre de mauvais temps. Toujours sur sa veine kafkaienne, à cheval sur un humour absurde et sur la terreur contemporaine, sans arrêt léger même quand il s'enfonce dans des thématiques très noires, notre Suédois raconte cette fois-ci une histoire au postulat improbable : un brave type, travaillant petitement dans un vidéo-club, célibataire et à la vie réduite au strict minimum, reçoit un jour une facture de 5700000 couronnes, somme astronomique dont il apprend bientôt qu'elle correspond à son existence. Il faudrait pas croire que c'est gratuit, de profiter de tout ce que la vie vous donne, et une équipe super-performante est chargée de calculer au centime près votre dette à la société qui vous octroie bonheurs et malheurs, amours et ruptures, voyages et deuils... La facture est salée, et notre narrateur va alors entreprendre de vaints recours pour faire baisser la note, faisant le bilan de sa vie médiocre, se heurtant à la bureaucratie, voyant sans cesse la note augmenter, et rencontrant par ailleurs la fantasmatique Maud, opératrice téléphonique avec laquelle il va nouer un lien étrange.

Point de départ assez bluffant, qui permet à Karlsson de déployer un "humour triste" parfaitement craquant, et de parler aussi de choses importantes sans en avoir l'air : qu'est-ce que le bonheur ? pourquoi le milliardaire à yachts reçoit une toute petite facture et moi une énorme ? Le roman est pétillant, et vous évite d'avoir à vous taper l'oeuvre complète de Frédéric Lenoir ou de Paolo Coelho : le bonheur est peut-être dans les petites choses, ou dans l'absence de malheur, tout simplement. Dans une écriture rapide, simple mais incisive, privilégiant les dialogues, décrivant sans en faire des tonnes les petites mésaventures de ce minuscule personnage ordinaire, le gars trousse néammoins un conte absurde qui raconte des choses, doucement douloureux quand on fouille sous le vernis de la comédie sans façon. Il y a du Topor dans ce livre-là, c'est-à-dire qu'on s'y marre et qu'on s'y inquiète à égalité. Une fable presque science-fictionnelle assez effrayante.

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