The Scarface Mob - épisode pilote Les Incorruptibles (The Untouchables) (1959) de Phil Karlson
Petite gâterie personnelle que cet épisode pilote de The Untouchables (version fin des années 50) réalisé par le grand petit maître Phil Karlson himself ; il lance ici l'esprit de cette série plutôt couillue pour son époque avec, au programme, strip-tease, tabassages dans les règles, meurtres crapuleux et bagnoles blindées à la Mad Max pour détruire les brasseries illégales (Ça me fait certes un peu mal au cœur d'écrire cela, à l'image d’ailleurs de l'arrestation d'une sorte de Maître Kanter qui n'a pour toute défense que de vouloir exercer son travail - et quel travail, putain, brasseur...). Eliott Ness (Robert Stack, taillé dans la bavette) is the man, un man à la tête d'une special squad de sept hommes triés sur le volet - honnêtes, bosseurs, démerdards, purs, brefs des Incorruptibles. Pendant qu'Al Capone est en prison, nos hommes vont s'attaquer à toutes les brasseries de Chicago et de ses environs pour frapper à la racine... Les hommes de main d'Al ont beau tenter de les soudoyer, de les intimider, rien y fait, ils iront jusqu'au bout quitte à perdre des plumes et des hommes au passage. Capone (interprété par Neville Brand : la gueule de l'emploi - il s'emploie justement à en faire des tonnes - voir l'excellente scène scorsesienne où lorsque Al se marre, sa tribu de pontes se fend la pipe... jusqu'à ce qu'Al, capable de changer d'humeur en une demi-seconde, pousse une gueulante qui efface immédiatement le sourire de ces pauvres sbires sous influence), Capone, donc, disais-je, va être forcément très colère en sortant de prison, tançant ses seconds et menaçant directement Ness ; un jeu de durs s'engage entre les deux hommes où les coups fusent (assassinats d'un côté - et boum, une taupe qu'on jette dans la rue, et crac un témoin qu'on assassine en prison (avec au passage la présence du chien le plus tire-larmes du cinéma) et action musclée de l'autre - et boum une porte de brasserie qu'on défonce, et crac des tonneaux gigantesques qu'on éventre, et ping des mafieux qu'on descend...). Un terrible bras de fer s'engage avec un Ness bien décidé à ne pas laisser une once d’opportunités au célèbre balafré.
De la constitution de l'équipe au procès final, on se régale devant ce pilote qui file à toute blinde (petite frustration du coup de ne pas enchaîner avec les quatre saisons de la chose mais on ne veut pas non plus y laisser sa santé). Karlson à la tête d'un solide casting (Bruce Gordon as Frank Nitti, la bonne brute, Keenan Wynn as Joe Fuselli, le complice touchant, Barbara Nichols as Brandy LaFrance (tout est dans le nom) la gonzesse tout-terrain...) se permet quelques scènes parfois assez osées : pour le pire (la Brandy qui se prend des taloches) ou pour le meilleur (LaBrandy finissant peinard son petit strip les seins à l'air) - ma grand-mère américaine a dû s'étrangler devant sa téloche (on était moins pudibond à l'époque, remarquez bien). Même si Al en fait des tonnes avec son rire sardonique tonitruant, on apprécie ce petit côté grande-gueule provocateur qui jure face à un Ness/Stack au visage fermé comme une huître morte. Stack se permet juste quelques échappées belles au restaurant avec la douce Betty (Pat Crowley, pas forcément très jolie mais du charme, selon la formule consacrée) mais se voit souvent interrompu lors de ces petits moments de douceur en duo par un indic ou un flic : Capone ne doit pas avoir le temps de respirer et cela demande d'être au taquet 24/24... Jusqu'à la conclusion, on apprécie le côté jusqu'au-boutiste du gars Ness prêt à tout pour bousiller définitivement Capone (joli petit sourire en coin de victoire). Bref une série qui part sur les chapeaux de roue, propre dans sa mise en scène, ses cadres et son accompagnement musical : du beau travail de pro du gars Phil qui aura même l'opportunité de montrer son œuvre, réalisée au départ pour la téloche en deux parties, sur grand écran.