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26 février 2018

Mission (The Mission) (1986) de Roland Joffé

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Putnam, Joffé, Menges, l'école anglaise eighties associée aux incontournables De Niro, Irons pour une pub catholico-écologique palmée. Avec en bonus une mélodie basique toute à la flûte du gars Morricone. Après The Killing Fileds (et la non moins célèbre musique de Mike Oldfield que je tente de replacer sur ce blog au moins tous les dix ans), Joffé était un grand espoir des années 80 - mais comme beaucoup, il lui fut difficile de survivre à cette décennie (si vous parvenez à vous taper La Cité de la Joie en entier, je vous offre le string de Mère Teresa - ce fut, en ce qui me concerne, la fin cinématographique et clinique du Roland)... Bon, mais revenons à ce fameux Mission qui n'a pu avec le temps que se prendre un coup de vieux... Au début des temps (au moins en Amérique du Sud) fut donc la flûte ; Irons, mélomane et malin, tient les farouches Guaranis en respect avec son instrument et ne subit pas la punition locale fatale : crucifixion et chute (d'eau, plutôt haute dans la région). Mieux, avec deux images bibliques, il les convertit et, comme dirait Sarko, les civilise ; on se dit que c'est un peu brutal, mais comme c'est une histoire vraie on pipe pas trop - Le chef Guarani a en plus la même coupe de cheveu qu'Agnès Varda et on se dit qu'il était fait en un sens pour la culture du vieux monde. Bien. Puis vint De Niro ; le type tue son frère (une sale histoire de gonzesse et de jalousie, normal), se laisse mourir dans un cachot avant de placer sa confiance en Irons. Tel un Sisyphe vintage, il rejoint la mission fondée par Irons située tout en haut des chutes en portant (pour expier) son ancien barda. Qui retombera en bas et dont il aura forcément besoin plus tard (suspense)... Car, je la fais courte, malgré tout le bien apporté par les Jésuites auprès des sauvages locaux (les natifs, on dit aussi maintenant par respect), il sera demandé à ces derniers (une trouble histoire politico-religieuse hispano-portugaise) de laisser tomber leur mission ; pauvre Guarani qui s'étaient formés à la flûte et au chant de castra... Rejoindre la jungle et les toiles d'araignées, jamais, plutôt combattre jusqu'au dernier homme ces cons de conquistadors avec leur esprit versatile. On sait parfaitement où sont les bons et où sont les méchants, il n'y a qu'à voir cet acharnement des soldats espagnols à tirer sur des enfants. Trop dégueulasse cette histoire : autant mourir (sans combattre pour Irons, en combattant pour De Niro) si l'amour a déserté ce monde. Flûte de pan triste.

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Alors oui, les paysages locaux sont jolis, les chutes d'eau impressionnantes, et la mélodie insidieuse de Morricone de vous ronger le cerveau comme une flèche empoisonnée ; Irons a ce regard hagard qui lui va si bien au teint, De Niro la barbe drue et les cheveux longs qui lui vont comme un gant depuis Angel Heart (une petite odyssée Parker ? Ah putain, on est con le lundi...), lui l'ancien mercenaire converti devenu doux comme un agneau puis combattif comme un loup (peut tout jouer De Niro, à l'époque) ; quant au combat final, il est tellement déchirant qu'on en ferait facilement des héros, de nos deux acteurs… (ah ben on est beaucoup plus tendre quand on a quatorze ans, forcément). Alors non, je ne renierais point totalement le côté « sauvage » et bigger than life du bazar qui eut d'ailleurs son petit succès critique et public en son temps. Point totalement. Cela dit, c'est vrai que l'analyse anthropologique des Guaranis reste un peu courte (on se croirait dans une émission de Hulot, Nicolas), le manichéisme, par définition, un peu primaire et certains plans un peu faciles (les prêtres, après avoir lutté avec les moyens du bord, se font forcément déchiqueter, tout comme les autochtones en tenue d'Adam (pas la meilleure protection face aux armes ennemies, vous en conviendrez aisément) : c'est un peu Platoon... Mais fallait-il vraiment montrer ce visage de petit nenfant tout offusqué de voir des soldats tirer à bout portant sur nos bons sauvages ? On avait saisi la leçon sans cela, je pense). L'ensemble reste finalement du grand spectacle relativement policé tant les enjeux intellectuels, j'ai envie de dire, sont rapidement évacués (oui, roh, bon, on les a laminés après les avoir convertis... étaient quand même facilement manipulables et foncièrement naïfs, ces Guaranis, non ?). Du Joffé "classique", en un sens, plein de bons sentiments, de lyrisme moriconesque et de facilité, un cinéaste qui ira malheureusement de plus en plus dans la superficialité et la médiocrité avec l'âge... Pour retrouver le spirit des eighties, tentera-t-on auprès des plus nostalgiques... Pour ma part, mission de revoyure "30 ans après" accomplie (ah l'odyssée Cannes fait moins la maline)... Sans grand surprise, avouerais-je tièdement, pour le pire et le meilleur de la chose...

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Quand Cannes

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