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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
23 janvier 2018

David Golder (1931) de Julien Duvivier

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Me laissant quelque peu aller aux pages de l'encinoclopédie du gars Vecchiali, je décidai, entre autres réalisateurs, de me laisser tenter par Duvivier, moi le fan insoumis de la Nouvelle Vague (et puis vous pouvez pleurer, j'ai peur que ce ne soit pas le dernier). Me voici donc aux prises avec le gars David Golder interprété crânement par Harry Baur. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on ne va pas avoir affaire à une galerie de personnages des plus sympathiques (je vous entends ricaner) : Harry as David, tout d'abord, homme d'affaires, s'impose dès le départ comme un bel enculé ; un de ses amis "Marcus" vient le voir : il est au bord de la ruine, peut-il l'aider ?... Alors non. Le Marcus se suicide dans la foulée et cela n'en fait même pas bouger une au gars Harry - le monde des affaires, comme les enfants, est cruel. Bien. Seulement voilà, quand on fait la connaissance de la femme de Harry, plus vénale tu meurs, et de son marlou, on se dit que le Harry deviendrait presque sympathique... Oui, pendant que les hommes se tuent à la tâche, les femmes dépensent, c'est bien connu et c'est pas moi qui le dis. Seulement, il faut l’admettre : elle s'avère être une vraie salope, coiffée en plus comme Philippe Sollers ce qui n'ajoute rien à son potentiel sympathie... Quand Harry, touché par une angine de poitrine, sera à deux doigts de la mort, l'autre continuera tant et plus à lui demander de la thune. La scène à coup sûr la plus réussie du film (les deux s'étripent verbalement et physiquement comme du poisson mort) et la plus terrible... Heureusement (ohoh), Harry peut compter sur sa fille (...), aussi vénale que sa mère mais capable de temps en temps, au moins, de lui faire les yeux doux (oh papa, achète-moi une voiture neuve, s’il te plaît !). Salope numéro deux... Harry apprendra, lors du face à face violent avec sa femme, que sa fille n'est pas sa fille mais celle du marlou branleur qui traîne tout le temps chez eux. Harry est à l'agonie, prêt à liquider ses affaires, pour mettre femme et enfant sur le tapis... Mais il aura un dernier sursaut d'empathie pour filer un max de pognon (il est sur un gros coup : le pétrole dans le Caucase) à sa "fille" désespérée (elle a plus d’argent la pauvre cocotte)... Une belle brochette de profiteurs en tous genre...

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Harry Baur porte le film sur son crâne, capable du début à la fin de faire une gueule de déterré, dégouté qu'il est de la vie... Certes, son passé n'est sûrement pas glorieux (parti de rien, il est richissime, mais il a dû en entuber plus d'un en route (après d'ailleurs s'être fait lui-même entuber) : la loi de la jungle) mais quand on fait la connaissance de la vie de patachon que mènent mère et fille (plus insouciantes je vois pas), le pauvre bougre (elles ne vont vers lui que pour le pognon) ferait presque peine. Certes le gars semble avoir le cœur asséché depuis bien longtemps mais au moins on sait qu’il a dû trimer pour en arriver là... C'est au moins la seule chose qu'on peut lui reconnaître ; Duvivier (on en parlait il y a pas si longtemps...) semble prendre un plaisir (sadique ?) à filmer dans la longueur cette confrontation entre lui et sa femme - ils en sortent tous les deux exsangues, comme déshumanisés ; il faut voir ensuite la tronche de Baur (ah, ces acteurs à trogne du passé...) quand il recroise le marlou de sa femme, père de sa propre fille : il serait un hippopotame, il le boufferait sur place en laissant rien... Harry, pour sa fille, ira jusqu'au bout de sa logique (faire une dernière affaire) avant de crever en solitaire (si ce n'est une ultime rencontre de voyage avec celui qui pourrait bien devenir le futur David...). Dur Duvivier qui n'épargne point ses personnages pour rendre compte de la cruauté de ce joli XXème siècle. Rugueux et tendu. Allez, on continuera d'étudier la bête.

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Commentaires
G
Un maouss, le Harry Baur. Qui ne l'a pas vu dire : "Me fais pas rire !" dans "Péchés de jeunesse de Maurice Tourneur n'a rien vu. Le pauvre gars est mort de s'être fait battre à mort par la gestapo.<br /> <br /> A part ça, David Golder... Je préfère le roman. Nemirovski est la plus forte pour balancer de la cruauté bien vache l'air de siffler un air de printemps. Duvivier, lui, a la patte nettement plus lourde. <br /> <br /> Et sinon, quelqu'un a vu Last Flying Flag (La Dernière tournée) de Richard Linklater ? 'Achement, 'achement BIEN !!!!
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