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16 janvier 2018

Tornade (Passion) d'Allan Dwan - 1954

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Classique mais racé, ce western sort clairement du lot par l'attention constante de Dwan aux décors, extérieurs et intérieurs, et par la douceur avec laquelle il aborde les personnages. Le scénario est d'une simplicité biblique : un homme entreprend de liquider les cinq mercenaires qui ont flingué sa famille. Rien de plus. Sauf que pour raconter ça, Dwan utilise une poignée de personnages attachants, dotés de sentiments assez loin du modèle classique dans le genre : entre la femme amoureuse qui se transforme en complice tourmentée, le shérif tendu entre le devoir et l'amitié, et le méchant final, à qui le scénario trouve tout de même des circonstances atténuantes, on est surpris par l'humanisme qui se dégage de la chose ; même le cow-boy principal, interprété aec une sobriété impeccable par Cornel Wilde, n'est pas un vengeur solitaire et sans doute : d'abord presque féminisé dans son rapport de couple et dans son rôle de père, il va ensuite poursuivre son funeste parcours meurtrier non par cruauté, mais hanté par la passion qu'il portait à sa femme et son fils assassinés. Comme si sa mission allait de soi, comme s'il ne pouvait pas lutter contre. Les scènes de liquidations des vilains sont souvent hors-champ, pour ne pas charger le film en violence, et on découvre un Dwan sensible et tourmenté, qui se pose réellement la question de la viabilité de l'auto-défense et de la vengeance.

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Les décors sont superbes, depuis l'hacienda familiale jusqu'aux hauts sommets de la frontière mexicaine, et Dwan en tire tout le jus qu'il peut. On sent un goût classique pour l'architecture traditionnelle et la peinture flamande dans cette utilisation des ombres portées, des angles, des ouvertures (superbe dernier travelling quand, tout étant consommé, la caméra vient cadrer un paysage ensoleillé par la fenêtre). Tout ça est fait avec une modestie qui l'honore, jamais il ne se met devant ses acteurs, tous excellents. On retrouve le bon vieux Lon Chaney en méchant number one, qui monte à cheval comme un cochon (le canasson a l'air de le maudire), mais qui continue à avoir l'air suant et baveux même dans la belle bagarre qu'il mène avec Wilde. Il y a aussi Raymond Burr en policier las, et surtout la magnifique, rigolote, garçonne et craquante Yvonne de Carlo, qui amène là-dedans une énergie folle. Il y a enfin la splendide dernière demi-heure, une course lente entre deux hommes dans la neige et la tempête, ces deux hommes eux-même poursuivis par deux groupes de personnages. On ne se perd jamais dans la progression pourtant errante de tout ce petit monde, grâce à une mise en scène en cadres magnifiques et un montage très fluide. L'obsession sans faille de ce cow-boy malheureux a tout de la folie, et il passera à travers tempêtes, blessures et froid pour trouver enfin la sérénité ; une fin d'ailleurs étonnamment optimiste vue la teneur du film, qui sans le lumineux regard de Dwan sur la campagne californienne, serait d'une noirceur terrible. Comme quoi c'est pas si difficile de réaliser un bon western sans se la péter.

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