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15 janvier 2018

Female (1933) de Michael Curtiz (& William A. Wellman & William Dieterle non crédités)

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L'ami Michael (avec le soutien des deux William, en particulier le premier honteusement non crédité) réalise un film féministe... à double tranchant. En effet, dit-il, si Ruth Chatterton se plaît à jouer les femmes à poigne (elle dirige un des fleurons de l'automobile, un exploit en 1933), s'il fait bien plaisir de la voir diriger toute une armée de mecs qui lui obéissent au doigt et à l'œil, force est de constater que la petite morale finale... est diablement rétrograde. Après nous avoir montré les compétences professionnelles de la belle Ruth, sa capacité à réagir au quart de tour à un coup de fil, à diriger une réunion, à commander des hommes, après nous avoir décrit les exploits de cette mangeuse d'hommes (plutôt que de perdre du temps au taff, elle les convoque chez elle le soir venu et leur propose tranquillement une petite partie de jambe en l'air, le temps d'une soirée arrosée de vodka : voilà... Il y a presque du Harvey chez la Ruth si on se plaisait à vouloir confondre les genres), les cinéastes semblent ensuite faire machine arrière : Ruth se conforme bêtement aux propos de l'un de ses hommes de main ("vous n'êtes qu'une femme..." - Diable) et de son amoureux plus dominateur que moi face à un moustique blessé (femme = amour, mariage, enfant ; là est ton rôle nom de Dieu) ; pire, elle est la première à reconnaître que ce statut de dirigeante de grande entreprise ne lui convient pas... Du coup, après avoir applaudi à deux mains toute l'audace vintage de ce portrait de femme, on ressort la mine un peu abattu : bon, tu t'es bien amusée, maintenant retourne au foyer et restes-y scotchée, Chatterton.

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La Ruth en tout cas ne se refuse rien dans un premier temps : directive au boulot, elle l'est encore plus chez elle lorsqu'elle ordonne aux jeunes invités de rejoindre son divan (elle jette un cousin sur celui-ci pour que les petits toutous aillent s'y coucher gentiment et s'y montrent "enthousiastes") ; elle est comme ça, en Ruth ma brute. Plusieurs types un peu niais y passent jusqu'à ce qu'elle tombe sur George Brent, un type auquel on ne la fait pas, c'est lui l'inventeur de la boîte de vitesse automatique (bon). Le George n'est pas du genre à obéir aux caprices de madame, à céder à ses moindres demandes, cheffe ou pas cheffe. Forcément, il marque des points (la Ruth aime qu’on lui résiste, bouh) et dès lors qu'elle se montre un peu plus aimable, bing, il la demande en mariage : il est comme ça le George, tout ou rien... Comme elle est prête à lui laisser en plus les rênes de la compagnie (à lui l'homme viril... grand temps pour elle d'aller apprendre à faire des lessives), on se dit que les thirties n'étaient pas encore super prêtes à l'égalité des sexes... Mais il y avait au moins des tentatives louables. On reste malgré tout sur la bonne impression de la première partie (le franc parler de Ruth, son énergie, son abattage...), on laissera volontiers la seconde aux mâles conservateurs...

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