Sa Majesté est de sortie (The King steps out) (1936) de Josef von Sternberg

Ça sent Noël et les fonds de tiroir sternbergien : Sa Majesté est de sortie est donc une comédie musicale romantique portée par les épaules et la voix de "Miss Grace Moore" (dès qu'elle chante, c'est assez insupportable mais avouons que je ne suis pas franchement un grand fan d'opérette...). Il est l'empereur François Joseph (Franchot Tone as Emmanuel Macron), il doit se marier avec sa cousine germaine, la princesse Helena mais problème : elle est amoureuse d'un autre (non la consanguinité n'est pas le genre de chose qui gêne). Heureusement, la sœur d'Helena, la princesse Elizabeth (Grace Moore), tout en se faisant passer pour une simple habilleuse, va prendre le relais : elle se fera aimer du prince et tombera tout autant sous son charme...

On est dans le film avec costumes d'époque, dans la ritournelle légère, autant d'aspect que Sternberg sait assez bien gérer... toute proportion gardée : on n'est loin de la débauche de figurants et des décors de L'Impératrice rouge ou du romantisme exacerbé de Morocco. On sent que le Josef lève le pied au niveau de la mise en scène et livre une œuvre pimentée de quelques pointes d'humour sans grande prétention. Ce petit couple (Tone et Moore) est un peu pâle mais demeure assez gentillet (il n'a de cesse de tromper la vigilance de son ogresse de mère et des services secrets du château pour retrouver la Belle en douce) pour peu que la Grace cesse de pousser la chansonnette (mais tu vas la fermer ta g... Ok je suis pas fan). Les aspects les plus piquants (c'est la période des fêtes, on positive, on y va) sont à trouver chez le père ventripotent d'Elizabeth, Walter Connolly : grand amateur de bière, ce dernier, logé dans une auberge, fait plaisir à voir lorsqu'il est en mode dégustation ; il faut aussi voir sa tronche quand l'empereur lui apporte une bière dans un verre de 5 cl - c'est une sorte de crime contre l'humanité en Bavière. Autre personnage haut en couleur, Herman Bing, dans le rôle du patron d'auberge, donne tout ce qu'il a au niveau de l'expression faciale pour chercher l'effet comikkkeu. On est plus dans l'humour light genre choucroute que genre carotte rapée, hein, mais passons. Une petite fête foraine (pour célébrer l'anniversaire de l'Empereur et l'annonce de son mariage) amène un peu de vie et de vivacité au film (on sort enfin les figurants et les attractions) et permet à la chtite Grace de briller aux yeux de l'Empereur (elle manie dans un stand de tir la carabine comme moi la poêle à crêpes avant tout apéro) : bref girl power puisque, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle sait faire entendre sa voix et fait preuve de caractère. En résumé : pour les fans absolus de Sternberg, les autres ne manqueront pas la comédie musicale du siècle (et garderont leurs oreilles saines)...

 Osez Josef