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11 décembre 2017

Cœurs brûlés (Morocco) (1930) de Josef von Sternberg

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Mon légionnaire... Quelle est bien belle cette histoire de Cœurs brûlés (malin titre français, for once), entre ces deux personnes qui auraient pu se livrer sincèrement et entièrement l'un pour l'autre dix ans plus tôt (quand leur cœur était encore sur le grill)… seulement voilà la vie a fait que. Gary Cooper est donc ce légionnaire qui sent le sable chaud du Maroc, un Gary Cooper désabusé qui regarde la vie nonchalamment avec son regard de velours et ses longs cils féminins. Marlene Dietrich est une chanteuse de cabaret échouée au Maroc, une Marlene qui adopte à l'envi un look boyish avec son costard et son chapeau haut de forme - elle se permet même en faisant le tour de la salle de poser ses lèvres sur celles d'une spectatrice médusée. Il n'a d'yeux que pour elle, lui qui ne croit plus à rien, elle n'a de sourire que pour lui, elle qui ne sait plus qu’elle savait sourire. Deux cœurs blessés qui n'osent plus y croire, enfin surtout lui... Le Gary, dont on devine le désir soudain pour la Belle, a en effet bien du mal à se persuader qu'il est l'homme de la situation... Il aura l'occasion de partir ailleurs avec elle, mais renonce sur un coup de tête... Parce qu'il pense que peut-être, elle sera plus heureuse avec l'homme richissime qui lui tourne autour (Adoplhe Menjou et sa moustache : bon bougre de l'histoire), parce qu'il n'a peut-être plus le courage de se relancer, parce que son coeur est peut-être définitivement cramé et qu'il est prêt à mourir. On sent bien que l'un sans l'autre ce serait trop bête… mais l'on s'attend à un bon vieux Sad End des familles plein de dignité... Un Sad End ? Pas forcément... (mais l'on aurait presque préféré, spoilant la chose à peine, que le regard de la Marlene s'arrête sur son homme aux portes du désert - cela reste un avis tout personnel).

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On aime ces ambiances exotiques magnifiquement reconstituées (entre la Californie et l'Arizona…), ces immenses cabarets cosmopolites où légionnaires et autochtones se côtoient, où haute société et petit peuple sont rassemblés, ces atmosphères enfumées que viennent soudain troubler l'éclat d'une voix et les deux gambettes d'une jeune femme désenchantée. Leurs regards ne peuvent que se croiser et s'entendre, il ne peut que la rejoindre dans sa chambrée, ils ne peuvent que s'embrasser, elle ne peut que lui tenir un discours amoureux sans grande conviction... Alors il s'en va, alors elle lui court après et déjà un drame - deux hommes cherchent à assassiner le coureur de jupons Gary. Il en réchappe mais il y voit sûrement un signe du destin (l'amour n'est définitivement plus pour lui)... Il repart donc dans le désert laissant sa Belle entre les mains de ce moustachu si terne… Mais, heureusement, le coeur de la Marlene de battre ne s'est pas  encore arrêté : elle se refuse de se refuser à cet homme revenu de tout, prête à partir avec lui jusqu'au bout du monde - qu'il le veuille ou non. C'est romantique en diable entre cet homme qui n'a plus que le courage de vouloir mourir et cette femme qui n'a plus que le courage de vouloir le suivre. Le sombre Cooper et la lumineuse Dietrich campent avec maestria ces amoureux de l'impossible dans cette œuvre de Von Sternberg casablanquesque avant l'heure. Un coup de cœur forcément brûlant.   

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Josef ne laisse pas de bois

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