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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
17 décembre 2018

A beautiful Day (You were never really here) de Lynne Ramsay - 2017

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Ramsay réalise un film un peu bancal, très sec et tenu dans certaines scènes, complètement relâché voire un peu ridicule dans d'autres. On ressort donc un peu mi-figue de la séance, en se disant qu'on a là, en profondeur, une cinéaste intéressante, mais qu'elle est trop passionnée par le bôôôô cinéma pour vraiment convaincre jusqu'à maintenant. Le scénario est tout simple, à cheval entre Taxi Driver et Léon : on suit le contrat somme toute habituel d'un tueur à gages, vague type ordinaire vivant avec maman et dont l'originalité est de trucider ses victimes avec un marteau. Mais ce contrat dérape, et le voilà traqué par des tueurs peu amènes, sur les traces d'une adolescente perdue. Bien, l'histoire importe peu, il faut dire. Comptent beaucoup plus les moments de latence, d'attente, du bougre, et ces pics de violence qui éclate sporadiquement dans le film. C'est la partie la plus intéressante : regarder ce type ordinaire vivre, le voir préparer sans affect ses missions, et en attendant le contempler attendre dans sa voiture, se payer un petit sauna gay, faire ses emplettes ou discuter avec môman. Ramsay est bonne là-dedans, dans le presque rien, dans la patiente observation de cet homme opaque façon Melville, qui n'a de particulier que ce que son boulot a de particulier. Quand explose la violence, elle trouve un biais original pour la montrer : la scène prise dans les caméras de surveillance d'une villa bourgeoise déréalise la chose et lui donne en même temps un aspect brutal. Le film est somme toute assez peu spectaculaire, assez peu violent : le type exécute ses contrats, presque sans émotion. Joaquin Phoenix est pas mal dans le registre, c'est-à-dire qu'il arrive très bien à ne rien faire, à laisser le spectateur projeter sur son visage de marbre rongé par une barbe de Père Noël ses propres interprétations et ses propres fantasmes. Toute cette partie presque documentaire est donc tout à fait intéressante, on admire la sécheresse de style de Ramsay, et même si le film est un peu trop enfermé dans son modèle scorsesien, on apprécie.

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Mais, comme dans Taxi driver d'ailleurs, l'adolescente va être le grain de sable sentimental qui va gripper la machine. Quand le film se met à créer du scénario à tout prix, il s'embourbe un peu. On se moque un peu des tenants et aboutissants de cette histoire d'homme politique et de tueur traqué, mais ramsay, elle, est persuadée que là est son vrai film, et qu'elle va pouvoir y développer des idées de mise en scène plus marquées. Elle enchaîne donc, sur la deuxième partie, les séquences ratées, beaucoup trop stylisées pour rentrer dans ce film jusqu'ici merveilleusement épuré. Phoenix qui se couche aux côtés d'un tueur qu'il vient de dézinguer pour chanter avec lui un vieux blues, et lui prend la main en un geste fraternel ; ou le même se laissant couler au fond d'une rivière pour y laisser partir sa mère, dans une espèce de séquence proprement ridicule de rêve éveillé ; ou le même encore rêvant de se faire sauter la tête dans une scène finale complètement foirée... : le belle sobriété d'ensemble s'effondre sous les effets appuyés, la réalisatrice fait sa maline, et on dit adieu aux bonnes idées du début. On se dit au final que Ramsay n'a retenu du film de Scorsese que sa surface et n'en a pas retiré de leçons au niveau de l'écriture. Réussi, mais raté.  (Gols 02/12/17)

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Entièrement d'accord avec les réserves de Gols sur ce film qui se veut "arty" et qui penche méchamment vers le putassier. Dès le départ ces histoires de "tueurs vengeurs de pédophiles" sont moralement toujours un peu glauques et discutables... Il tue tout ce qui bouge mais l'honneur est sauf : ce sont des enflures... bouarf... Ensuite, ici, le personnage principal traîne avec lui 28 traumatismes (enfance abusée, vétéran, privation de marteaux...) qui sont toujours traités de façon "artistiquement floue" comme pour lui donner une sorte d'aura mystérieuse tout aussi putassière : Ramsay pourrait en deux phrases évoquer directement la chose, mais non, il vaut mieux laisser à ce personnage son côté troublant, voyez... Pour ce qui est de la fin, on croit entendre ce message final : pour les gamins abusés (lui et la chtite qu’il sauve) il n'y a pour le reste de leur vie aucune échappatoire... Ok... Ah ben si finalement, on ne va pas se quitter sur une note aussi triste après un film aussi peu olé olé... Un peu d'espoir pour la route... Il y a toutes les séquences ridicules évoquées par Gols, on pourrait en rajouter une demi-douzaine (la balle dans la dent, trop drôle ; la gamine qui tranche la gorge de son "abuseur"...) qui sont là autant pour rajouter un côté faux cool que faux-cul (tout est bien qui finit bien, les méchants sont punis). Ramsay lèche ses images, laisse son acteur renfrogné en free lance de cabotinerie (Joaquin, cet être si refermé) et semble vouloir ainsi sur un scénario ultra-revisité (de Scorsese à Besson, tout est dit au-dessus) livrer sa version avec son savoir-faire si maîtrisé. C'est cacher le fond par la forme, comme si cela finalement lui importait plus - ce qui n'est pas grave vu la légèreté du sujet… Of course. Facile, raté, je dirais même plus, ramsé.    (Shang - 17/12/18)

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