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Shangols
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28 novembre 2017

It Comes at Night de Trey Edward Shults - 2017

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Bonnes intentions mais résultat pataud. Shults est sur les traces de ce fameux Graal du film d'horreur qui relierait la politique et le fun, le spectacle et l'intelligence. Il en sort un ou deux par an, et on ne peut que saluer l'effort de faire aller le genre vers un âge adulte, et le sortir des drive-in à pop-corns. Shults travaille donc sur le thème de la cellule familiale, ses aspects sécuritaires et effrayants. Un mystérieux virus sévit dans les coins, dont on ne sait d'ailleurs s'il est localisé ou important : ceux qui en sont atteints meurent rapidement recouverts de bubons peu avenants. Dans le camp des survivants, il y a une famille, isolée au fond des bois, et qui s'est organisée, suréquipée et sur-armée, pour que le mal ne pénètre pas jusqu'à elle. Arrive une autre famille, et la question morale se pose alors : faut-il faire preuve de solidarité et accueillir icelle, d'autant qu'elle apporte avec elle nourriture et aide ménagère ? Ou doit-on l'exclure sous le principe que la famille est la seule chose qu'il faille protéger ? D'autant que la famille de base est mixte, ce qui augmente la profondeur de la chose. L'ensemble est regardé par un adolescent, un de ceux qui veulent le bien quoi qu'il arrive, et ne voir le danger nulle part. Le gars s'en mordra les doigts, ou pas. On le voit, il est question dans ce film d'accueil, d'entraide, et on peut plaquer là-dessus l'allégorie qu'on veut, des migrants ou de l'isolement qui nous guette, du nationalisme galopant ou du tout-sécuritaire. Un film malin, donc, qui tente de se servir du genre pour poser de vastes questions, qui y parvient même parfois. Shults réalise un film simplissime dans la forme et dans le scénario, qui va droit son chemin unique jusqu'au dénouement, qui ne s'embarrasse pas de trames parallèles ou de complexités psychologiques. Et c'est vrai qu'on apprécie cette épure, de même qu'on apprécie la lenteur du film, son absence totale de surenchère ou de clins d'oeil vers le commercial, sa très bonne tenue en quelque sorte.

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Mais les bonnes intentions du bazar sont desservies par une technique très hésitante, dans l'écriture et dans la réalisation. A commencer, c'est dommageable, par la direction d'acteurs : ils sont très mauvais dans leurs archétypes de jeu américain des années 90, 17 expressions de visage par réplique, pose pour la galerie, travail au plus rapide. Joel Edgerton pourtant, qu'on a vu bien plus inspiré... Le film cultive également un petit ton arty fatigant, refusant de conclure (et c'est trop facile), laissant le film ouvert par tous les bouts (si bien que j'ai cru un moment qu'il y avait un souci technique). Et côté scènes "d'horreur", Shults concentre tous ses effets dans des séquences faciles de rêves de l'ado, ne parvenant jamais à nous arracher le moindre frisson. C'est dommage car il y avait de la matière là-dedans, on serait même prêt à jeter un oeil sur la suite de la carrière du gars, et quelques bonnes idées traversent ce film un peu morne : une fusillade sans pitié dans la forêt, une scène d'ouverture très troublante, une sobriété qui lui fait honneur. Reste à sortir du domaine de la bonne idée pour arriver à développer un vrai scénario, à s'émanciper un peu de ses maîtres (Kubrick, incontournable quand on s'attaque à ce type de sujet) et à soigner un peu plus la technique.

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