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3 novembre 2017

LIVRE : Ta Maîtresse humblement de Pascal Hella et d'autres - 2017

9791030701388,0-4449287Pour continuer sur les extensions d'extrémités après Gorge Profonde, un petit recueil de nouvelles érotiques qui ne mange pas de pain, très agréable mais guère consistant. Pour aller vite, ce bouquin est le résultat d'un concours aux règles un peu discutables : écrire une nouvelle en une nuit, le sujet étant donné à heure précise, et le candidat devant rendre sa copie 12 heures plus tard (avec en plus un mot final imposé, cette année : ricochet.). On peut penser qu'écrire un truc en ayant tout son temps pourrait donner de bien meilleures choses, mais ok, acceptons la contrainte, et jetons un oeil sur les neuf lauréats de l'année. Eh bien, comme on peut s'y attendre, c'est inégal. Le recueil, c'est une qualité, essaye de donner à boire et à manger à toutes les sortes d'érotomanes : il y a du cru, du poétique, du rigolo, du naturaliste, de l'allumé, du moderne, du réac, de l'hétéro, de l'homo, etc. On passe donc d'un univers à l'autre, en ouvrant un oeil sur quelques sommets : la nouvelle d'Anne Bourrel, notamment, "Désordre", est superbement et subtilement écrite, racontant une liaison entre une jeune fille et un quasi-vieillard, très franchement mais avec subtilité. On sent là-dedans une vraie personnalité. De même que pour Stan Cuesta, auteur du meilleur texte du recueil : "Confusion" est une peinture nostalgique d'un fantasme adolescent, sur fond de rock des années 70, à peine érotique mais très prenante au niveau des atmosphères qui s'en dégagent. La phrase d'accroche ("Tu peux me la rentrer dans le cul, si tu veux. Il y en a qui le font.") situe tout de suite les choses dans le concret de la vie, dans une écriture urbaine qui ne s'embarasse pas de pincettes. Mais Cuesta sait immédiatement contrebalancer cette crudité par un style poétique, nostalgique, qui rend son petit texte super équilibré. Un grand moment de littérature concentré sur 10 pages, on attend des nouvelles du gars avec impatience.

On notera aussi cet OVNI interstellaire qu'est "Sparagmos", le texte de Sarah Perret, essai poétique qu'on croirait écrit par un auteur précieux de la fin du XIXème, plein de jeunes muses à toges et de cultes à Bacchus, qui ose des phrases telles que "Lorsque le cartel cristallin sonna la minuit...", ampoulé et démodé à mort... mais qui pourtant parvient à trouver une certaine poésie hors du temps, un anachronisme efficace (on parle de joints en se livrant au sacrifice humain), un "hors du temps" qui est la marque d'un auteur certes allumé, mais original. Le reste est plus convenu, légèrement ringard, et si on note l'humour bon enfant du vainqueur du concours, Pascal Hella, on en regrette l'écriture chichiteuse et l'esprit gaulois de son texte, plus grivois que véritablement érotique. Il y a aussi le cortège de textes attendus, depuis la 8000ème variation du Don Juan jusqu'au faux polar à la Hammet qui se termine en coït généralisé (bien aimé, ceci dit la dernière phrase de cette nouvelle : "Un trait puissant frappe l'épaule d'Elsa puis la belle gueule de son mari par ricochet.") en passant par l'échange commerçant qui se change en partie de jambes en l'air effrénée (le seul texte qui ose le crade cela dit). Bon, un petit livre qui vous réchauffera au coeur de l'hiver qui s'annonce, pas génial du tout, un peu douteux au niveau de ses règles du jeu, mais amusant, et parfois excitant par ricochet.

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