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27 septembre 2017

Scanners de David Cronenberg - 1981

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Si Scanners a pris quelques rides au niveau de son esthétique, il reste encore brillamment fûté au niveau de sa trame. Thème éminemment moderne en effet, et éminemment cronebergien d'ailleurs : les combats entre le corps et la science, la monstruosité que cette dernière peut générer, la mutation des corps. Ici, ils vont prendre la forme d'une lutte à mort entre deux frères génétiquement modifiés, qui représentent chacun une face opposée de ce que la médecine peut produire, espoir et carnage. Suite à une expérience passée portant sur le bien-être des femmes enceintes, 200 télépathes sont nés. Ils sont capables de contrôler la pensée des quidams, et sont du coup devenus des sortes de parias de la société, des mutants que la bonne société voit avec crainte. Parmi eux, Revok, le dark-vador de la télépathie, celui qui fait exploser les têtes et veut contrôler le monde grâce à son don ; il a d'ailleurs rallié à lui la plupart de ses semblables. Pour s'opposer à lui, on engage le gars Cameron Vale, gentil télépathe. Le combat sera sanglant et sèmera le chaos (hommes en feu, voitures retournées et explosions en tous genres).

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Croneberg enquille les scènes d'anthologie tout en gardant une grande fluidité dans la narration. Il oublie certes au passage de diriger les acteurs (Stephen Lack est insipide à mort, Patrick McGoohan semble gagné par une torpeur singulière), met de la musique pompière un peu partout (Howard Shore n'est pas encore Howard Shore), et massacre un peu son montage. C'est sûrement la limite du film : trop préoccupé par son brillant sujet, il oublie l'important, et on se désintéresse peu à peu de son fade héros. C'est d'ailleurs curieux mais on est plus du côté du méchant : non seulement parce que Michael Ironside est pour le coup très impressionnant (une tronche à vous filer des insomnies), mais aussi parce que sa cause semble plus juste. Le racisme généralisé contre les "scanners" justifie ses actes, et on rêve à la fin de le voir triompher de l'humanité malfaisante et parvenir à ses fins. L'esthétique générale du film sent quelque peu l'amateurisme, en tout cas le manque de moyens. Cronenberg vise les ambiances glacées, déréalisées, mais faute d'un bon chef-op, il pond un truc qui ressemble à un téléfilm.

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Tant pis : on en a quand même largement pour le prix de son DVD. On aime non seulement les effets spéciaux hyper inventifs, notamment ceux de la fin, avec ces veines qui éclatent et ces têtes qui chauffent à blanc ; mais surtout les brillantes idées de mise en scène qui jalonnent le film. Beaucoup aimé par exemple cette séquence où Cameron doit lutter à distance contre un ordinateur : au téléphone, il tente de contrôler "psychiquement" la machine ; l'auto-destruction de celle-ci correspond à une déconnexion de son cerveau autant qu'à un festival d'explosions au sein du QG (l'enchaînement des plans entre la station service où il téléphone et la salle de l'ordi est génial). Beaucoup aimé aussi cette scène chez le docteur où l'héroïne est elle-même contrôlé par un foetus. A côté de ces scènes spectaculaires, Cronenberg sème mille petits détails qui prolongent sa thématique, décors de musée très symboliques, dialogues à double-sens... tout ça pour arriver à une jolie chute à base de paternité refoulée et de fraternité assumée. Un bien joli film, impressionnant et radical, qui allie cinéma d'action grand crin et expérimentations contemporaines.

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