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31 août 2017

Compte tes Blessures de Morgan Simon - 2017

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Le tout jeune cinéma français est prometteur, on s'en réjouit derechef et on impose à nos commentateurs qui envoient tous les films nationaux au bûcher un mur de sarcasmes. En tout cas, ce Morgan Simon réalise un premier film audacieux et habité, et fait montre pour ses débuts d'une très jolie maturité. Le sujet est pourtant archi-usé et très "français" : un jeune mec un peu paumé, sa passion pour la musique hard-rock, et ses rapports conflictuels avec son père trop jeune, après la mort de sa mère. Mais il transforme ce matériau psychologique en une petite bombe physique et fiévreuse. Le gars a déjà un instinct bien en place pour savoir où placer sa caméra, quoi filmer, et son héros, au départ assez antipathique, se transforme peu à peu en une image de la jeunesse d'aujourd'hui : il lui suffit de le filmer sur son vélo, traversant les rues de la ville en travelling, ou dans des scènes de concert bruyantes, attrapées en gros plans incarnés, pour mettre à jour une certaine énergie, une vitesse qui ressemble bien à celle de ces êtres perdus courant après quelque chose de plus grand qu'eux. Parce que c'est ça, Vincent : un mec perdu, qui se fait tatouer le visage de ses parents sur le cou, qui beugle à se casser la voix dans les concerts, qui a de la gueule, mais qui s'avère être finalement un petit garçon gentil et amoureux, en quête de passions... et en plein complexe d'Oedipe. Car face à lui se dresse un des personnages les plus intéressants que le cinéma français nous ait donnés depuis longtemps : le père, que Nathan Willcocks interprète avec une magnifique fatigue dans les yeux et dans le corps, comme un renoncement, est un gars à la recherche d'une jeunesse enfuie, toujours en contradiction avec son fils, et qui va trouver une échappatoire possible avec une jeune femme. Mais cette jeune femme va aussi séduire le fiston. Va alors commencer une histoire trouble et manipulée avec beaucoup de pincettes par Simon.

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Cette sombre histoire de compétition/amour culminera avec une scène très audacieuse, que seul un jeune cinéaste qui se fout un peu de ce qui se fait ou pas est capable de filmer. Mais avant cette séquence bluffante, malaisante, radicale, Simon aura montré un corps en mouvement, ce mouvement allant de pair avec son manque d'amour. Le film est plein de scènes casse-gueule que le gars réalise avec finesse, tenant le cap de son beau scénario, flirtant avec des ambiances à la Pialat : un dialogue père-fils impeccable où le paternel transforme son incapacité à dire "Je t'aime" en rejet total ; une très belle scène de flirt à la sortie d'un concert ; une scène un peu documentaire sur un marché aux poissons ; quelques séquences entre potes glanées comme si de rien... Simon ne fait pas dans l'esbroufe, tient très bien son film, et réalise pourtant un truc qui percute et choque bien comme il faut. Très jolie entrée en cinéma.

Compte-tes-blessures-7

Commentaires
M
Téléfilm gentillet, sans aucune ambition formelle. A trop ingurgiter de hamburgers, on s'habitue à la malbouffe ...
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L
Vu et apprécié le film aussi, mais, et sans vouloir procéder à une division quadri-capillaire, y'a peut-être une petite erreur de l'auteur (celui-ci pourrait-il confirmer ?) : le tatouage porté par le héros, "count your blessings", ne veut absolument pas signifier "compte tes blessures", mais littéralement "compte tes bénédictions", et traduit en français, "estime-toi heureux", en gros. Mais peut-être est-ce en connaissance de cause...
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