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24 août 2017

LIVRE : Manhattan People (Lightning People) de Christopher Bollen - 2011

9782757861707,0-4072572Voilà du roman américain contemporain classique, entendez super-efficace, magnifiquement construit et raconté, un poil trop long, issu d'un de ces cours d'écriture à la mode, et franchement satisfaisant. Tout y est pour passer un bon moment,  tout y est millimétré pour contenter le lecteur : des personnages forts, une trame qui tient la route, un portrait amer et sans concession du monde d'aujourd'hui, la finesse psychologique, emballez c'est pesé, on vous en met trois douzaines. Sur les traces d'une histoire de l'Amérique qui irait de Tom Wolfe à Philip Roth (mais sans l'ampleur du premier ni le génie du deuxième), Bollen trousse un premier roman addictif, qui vous en donne sans problème pour votre argent. Pour ce faire, une poignée de personnages : un acteur dont tous les ancêtres sont morts à 34 ans... et qui en a 33... ; sa femme, dont on ne sait trop si elle l'a épousé par amour ou pour obtenir la carte verte ; l'ex-amant de celle-ci, photographe enfermé dans son loft, ressassant son passé ; la soeur de ce dernier, Paki émancipée qui rêve d'une culture qu'elle n'a pas connue ; et enfin, le (faux) ami de la bande, véritable nid de jalousies et de rancoeurs, qui va bousculer la trame en provoquant un accident. Toute cette faune s'agite sur fond de Manhattan privée de ses tours jumelles, le 11 septembre étendant son ombre sur cette génération apeurée et frustrée, jusqu'à infiltrer les subconscients des héros (entre renfermement dans sa culture et croyances dans des théories de complot fumeuses).

Voilà pour le contexte et pour la trame, sachant que Bollen entremêle avec beaucoup de talent le destin de chaque personnage avec celui des autres, dans une savante et complexe construction d'ensemble qui tient miraculeusement bien. On peut trouver que la somme de hasards et de coïncidences (on dirait que Manhattan est peuplé de 5 personnes en tout et pour tout) est artificielle, mais on admire pourtant cette façon de tout relier ensemble, pour former un roman cohérent, très bien équilibré, et au final douloureux et empathique. L'écriture du gusse est très à l'écoute de ses personnages, ce qui les rend crédibles et attachants, malgré les ficelles de la trame. On aime chacun d'eux, aussi bien les "héros" (l'acteur hanté par la mort, dont le passé familial est raconté avec une belle imagination) que les pourris (ce gusse qui sème la mort sur son passage, et devient de plus en plus cynique). C'est l'école américaine : arriver à charger chaque personnage d'une telle somme de détails, d'anecdotes, de subtilités de caractère, qu'il finit par devenir crédible, une allégeance permanente aux pouvoirs de l'imagination, et un fort ancrage dans le monde anxiogène d'aujourd'hui. Une entrée en littérature attachante, peut-être un peu assujetie aux sacro-saintes lois immuables du grand roman américain (Bollen en coche chaque case) mais bien intéressante.

Commentaires
P
Ouais. Tu l'as dit, Mister Gols (I presume). "Il en coche toutes les cases" est la formule pile poil ad hoc.<br /> <br /> Et ça finit par gaver et fatiguer, ces fournées de bouquins US manufacturés aux préceptes de ces foutus cours d'écritures de merde, qui bourrent le cerveau vide et avide du bovin lecteur avec le bon fromage, la bonne pesée (enfin + ou -, car de gros pavés gras, le plus souvent), <br /> <br /> ça se repère quasi au premier paragraphe. <br /> <br /> Moi, ça m'attriste terriblement. Le type, c'est son premier roman... et déjà la plume dans le fion de la machine à corrompre.<br /> <br /> Pas pu finir.
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