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7 juillet 2017

La Colombe blanche (Holubice) (1960) de Frantisek Vlácil

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On clôt notre petite parenthèse "Europe de l'Est des sixties" avec cette bien jolie histoire animalière (mais surtout humaine) du tchèque Vlácil. Il est question d'une colombe (ah cette belle époque des pigeons voyageurs...) qui se perd en route - voilà je pense qu'on a fait à peu près le tour de l'histoire... C'est à la fois aussi simple que cela mais beaucoup plus complexe, comme dirait l'autre, puisque ce cheminement chaotique de la colombe va avoir un impact sur l'enfant qui la recueille et sur celui qui l'attend. Toute la magie cinématographique de Vlácil est de limiter au maximum les dialogues et de tresser de la plus fine des manières diverses paraboles. Un petit enfant handicapé (suite à une chute terrible que l'on découvrira) n'a rien trouvé de mieux que d'envoyer un plomb dans cette colombe en perdition. Il la recueille à l'article de la mort et le rétablissement et la libération dudit d'oiseau ira de pair avec sa guérison (aussi bien d'un point de vue physique que psychologique puisqu'il s'ouvrira à nouveau aux autres gamins). Cela paraît un peu simpliste dit comme cela... Mais Vlácil, par le biais des jeux sur la lumière (et un aspect formaliste au millimètre), par le biais de l'art graphique, de la sculpture (un artiste, voisin du gamin, le prend sous son aile), tisse tout un réseau de sens pour traduire cette renaissance. Parallèlement, on suit l'attente de la colombe : une jeune fille perdue aux confins d'une île baltique (magnifiques plans très lumineux) attend impatiemment l'arrivage du doux oiseau ; là encore, l'oiseau sera prétexte à un discours humaniste, la jeune fille tissant des liens avec un vieil homme lui aussi en attente de sa colombe.

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On admire la précision des cadres du cinéaste, qui permet toujours à la lumière de tomber parfaitement à l'endroit voulu (comme si Vlácil, artiste panthéiste, pouvait contrôler aussi bien la lumière des studios que la lumière naturelle). On reste également scié par cette façon de filmer les paysages maritimes avec cet enfant qui semble littéralement marcher sur l'eau. Ces images viennent parfaitement en contrepoint de celles, plus urbaines, de cet autre enfant coincé entre quatre murs, dans un espace mental des plus réduits. Vlácil, tel un grand cinéaste des temps du muet, parvient à transmettre toute une palette d'émotions (aussi bien la peur, avec ce chat noir qui lorgne sur cette colombe blessée que le soulagement, la satisfaction, l'épanouissement avec cet enfant qui, après s'être séparé de son nouveau compagnon animal, reprend "visage humain" (la métaphore est on ne peut plus claire)). En un peu plus d'une heure, Vlácil parvient à truffer son récit de messages avec un admirable sens esthétique et sans jamais devenir plombant - une véritable gageure. Un petit film virevoltant qui devient véritablement grand lors de l'envolée finale.

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