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5 juillet 2017

Happy Sweden (De Ofrivilliga) (2008) de Ruben Östlund

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On remonte la filmo de notre gars Östlund avec cette oeuvre assez maline et caustique (et cadrée de façon toujours... particulière) qui entremêle cinq histoires : l'histoire d'un vieux qui se prend bêtement un feu d'artifice dans la tronche lors d'une soirée festive, de deux ados mi-connasses mi-pseudo bombasses (c'est au moins ce qu'elles croient) qui, à force de déconner, se retrouvent dans une situation pour le moins embarrassante, d'un chauffeur de bus têtu come une mule, d'une maîtresse d'école peu portée envers ses pairs sur la diplomatie et enfin d'un jeune adulte chambré par l'un de ses potes aux tendances un tantinet homo. Cinq cas de personnes qui, au sein d'un groupe, décident, à un moment donné, de se mettre en avant (ou en retrait), de prendre une décision qui va quelque peu à l'encontre de l'avis général - si jamais on essayait de trouver un fil conducteur. Notre vieux, un peu vexé par cet accident bien bêta, tente de donner le change (jusqu'à une certaine limite physique...), nos deux ados se la jouent super pétasses jusqu'à tomber dans la ravine, notre chauffeur (suite à un incident dans son bus) refuse de démarrer jusqu'à ce que quelqu'un se dénonce, notre maîtresse, en accusant l'un de ses collègues, pense jouer les chevaliers blancs jusqu'à se mettre tout le monde à dos, notre jeune adulte se la joue « bande de potes qui déconnent trop grave » jusqu'à ce l'un d'eux le suce et là, bon, hein, on rigole moins...

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Les personnages centraux de ces cinq historiettes se dressent (ou se plient) face à un groupe, pour le meilleur et pour le pire... Östlund, une nouvelle fois, ne cherche en rien à juger ces petites gens, laissant au spectateur tout le libre-arbitre pour juger de la justesse, du ridicule, de l'idiotie ou du courage de chacun. Ainsi, le cas de cette maîtresse dont on peut louer dans un premier temps un certain courage à ne pas accepter les pratiques violentes de l'un de ses collègues (contre la passivité générale de l'équipe enseignante) mais qui, dans un second temps, semble simplement vouloir attirer l'attention sur sa petite personne des plus raisonnables et des plus réfléchies (la scène très réussie où elle ne supporte pas que les deux personnes, avec lesquelles elle est, discutent entre eux sans lui adresser un regard). De même avec ce chauffeur pur et dur qui ne cède aucun pouce de terrain pour attendre que quelqu'un se dénonce (le rideau des toilettes du bus est cassé : le drame) et qui va se contenter du mea culpa d'un gamin... qui n'est pas coupable. On reste sur ce petit ton extrêmement caustique ou les petitesses et les petits actes de courage nous sont livrés en pâture.

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Ce qui donne enfin, une nouvelle fois, tout son sel au film est cet amour d'Östlund pour le plan fixe (on sent qu'il doit se faire violence pour bouger sa caméra pour filmer les deux ados remuantes dans un transport en commun) mais également ce petit jeu qui consiste souvent à ne pas montrer le visage des personnes qui parlent (qu'elles se retrouvent "décapitées" par le cadre ou hors-champ) ; cela a le don de mettre le spectateur sur les nerfs (putain de cadreur ou d'effet arty à la con) qui ne peut que se concentrer un peu plus sur les paroles échangées (ouais finalement, il a pas forcément tort, le bougre...). C'est un style en soi qui n'est pas que pour la galerie tant l'on sent une certaine réflexion en amont quant à l'utilisation du procédé (la plupart du temps, disons...). Du coup Happy Sweden, malgré quelques moments creux ou des effets qui tombent parfois à plat (c'est tout de même très bavard), parvient à séduire par ce sens original de la mise en scène et ces petites pointes de causticité qui ne sont jamais appuyées (à chacun de juger ces personnages dans ces morceaux de Strip-tease (la fameuse émission belge) à la suédoise). Titillant.

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