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30 juin 2017

Dans la Forêt de Gilles Marchand - 2017

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Dans la Forêt vient inverser notre opinion sur Gilles Marchand, un des seuls cinéastes à oser s'aventurer dans un genre dédaigné en France : le fantastique. Comme dans Qui a tué Bambi, il mèle avec une habileté diabolique des motifs de films d'horreur, d'angoisse, de thriller noir, à une école française à 100%, celle du cinéma psychologique, de la famille, de l'enfance. Il en résulte un objet étrange, qui interroge sans vergogne et refuse de tout expliciter, mais qui reste dans la rétine comme des bribes de cauchemar, comme un vague souvenir de peur à moitié effacé. La magie de ce résultat tient en une chose : la force de la mise en scène, qui confine ici à une épure assez raide mais hyper efficace. Dans la Forêt a la texture d'un rêve, mais d'un rêve dangereusement concret. Peut-être pas tout à fait parfait, notamment à cause de l'interprétation de Jérémie Elkaïm, qui n'a pas les épaules du rôle, le film est magnifiquement réalisé, et propose quelques images qui, par leur lenteur, leur frontalité et leur cadrage, marquent durablement le regard. Comme en plus, il s'intéresse à des choses profondes, la psyché enfantine, le conte, les peurs primales, on écarquille bien fort ses yeux et on savoure à sa juste valeur ce petit miracle de tension et d'intelligence.

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Deux mômes partent en Suède avec leur père, pour qui le divorce récent avec sa femme semble avoir laissé des séquelles. Le gars les emmène pour un trek en forêt, dans une cabane perdue au fond des bois. Mais très vite, le plus jeune d'entre eux a des visions guère réjouissantes : un homme à la tête couturée le suit partout. Il apprend vite qu'il a une sorte de don de clairvoyance que le père entend bien exploiter, y compris en gardant plus ou moins prisonniers ses mômes dans cette cabane. Peu à peu, le paternel devient de plus en plus inquiétant, incontrôlable, et va entraîner son cadet dans un voyage à la fois mental et géographique, qui les fait s'enfoncer de plus en plus dans la forêt. La résolution, qui fait penser au Roi des Aulnes de Tournier, laissera plus ou moins sur le cul, et pourrait se résumer en : découvrir le vrai visage de ses parents, c'est peut-être découvrir un monstre, et l'accepter c'est peut-être grandir. Mais je ne garantis pas l'exactitude de ma compréhension de la chose. En tout cas, Marchand réalise un piège impeccable, plein de surprises : ce "diable" qui suit notre enfant partout apparaît toujours de façon très rationnelle, très simple, et le monde secret côtoie le monde concret ; le père, filmé comme un ogre inquiétant, est sans cesse entre rationalité et folie, ce qui le rend inattendu et très inquiétant ; le monde de la forêt, à la fois luxuriant et sauvage, est rendu avec force par une caméra très frontale. Le fantastique est réel chez Marchand, et s'ancre dans un territoire très fort. Ajoutons que le petit môme, Timothé Vom Dorp, est extraordinaire malgré son très jeune âge. Bref, un bien beau film intrigant et vénéneux, qui questionne les liens familiaux et l'aspect "shiningien" de la psyché enfantine, c'est pas rien.

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