Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 juin 2017

LIVRE : Personne ne gagne (You can't win) de Jack Black - 1926

9791090724327,0-4145986

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont le chic pour nous dénicher des auteurs inconnus géniaux, preuve en est faite une fois de plus avec ce mystérieux Jack Black. Cambrioleur, braqueur, voleur à la tire, opiomane consommé, ce petit gars bien sympathique a passé plus de trente ans d'existence à défier la loi et à s'enrichir sur le dos du bourgeois, souvent à son détriment (il a passé la moitié de cette période dans les sombres cachots de commissariat ou dans les cellules des pénitenciers du pays). Il raconte avec ce livre ces années de "hobo", nous expliquant par le menu les mille et une astuces pour faire exploser un coffre-fort ou endormir un dogue dangereux, pour survivre en prison ou attraper un train illégalement, pour planquer un magot ou refourguer une poignée de bijoux. En préfigurateur de la Beat Generation, il raconte tout ça en témoin de l'intérieur, dans un état à la fois halluciné (ses expériences de l'opium expliquant peut-être cela) et lucide, et son livre représente peut-être le meilleur moyen de devenir un braqueur en dix leçons. En tout cas, ce le serait si Black n'utilisait pas aussi son livre pour mener une très belle et très saine réflexion sur le "métier" de voleur, arrivant finalement et sans aucune moralité appuyée à la conclusion suivante : mieux vaut être honnête, on gagne beaucoup mieux sa vie. Personne ne gagne se transforme très subtilement en plaidoyer contre la peine de mort, à la fois en totale empathie avec ces pauvres hères qui ont choisi la voie du crime et en juge implacable de leurs actes pathétiquement peu rentables. Rempli d'une foi en l'humanité peu commune, dans ce que l'humanité peut avoir de plus bas et de plus misérable, le gars force le respect par le dynamisme de son écriture, par la description millimétrée de sa vie, sans rien cacher. On sait tout de ses bassesses (l'inconscience de l'injustice, l'avidité) et de celles de ceux qui font la justice (les coups de fouet, la débilité du système carcéral), mais le gars, toujours mené par un solide amour pour les hommes, regarde tout ça avec pitié et compréhension, n'oubliant même jamais de semer de l'humour et de la dérision dans ses aventures. Le truc s'avère être un passionnant roman d'aventures à la Jack London, plein de rebondissements, de suspense, mais a déjà complètement un pied dans la modernité, se rangeant aux côtés des grands textes révoltés de Hugo ou de Césaire. Ces 400 pages passent comme un souffle, et ces aventures d'un pickpocket ordinaire et pathétique deviennent peu à peu un grand livre tourmenté sur le sort des hommes. Grand.

Commentaires
Derniers commentaires