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1 juin 2017

La Déesse (Maharajdevi) (1960) de Satyajit Ray

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Pas vraiment facile de faire la transition entre Rocco et Ray... La Déesse aurait plus, cela dit, sa place en bonus du Décalogue - genre "Tu ne te prendras pas pour un Dieu". C'est en effet la sombre histoire que narre ce très beau et sobre film de Ray. Un jeune homme part faire ses études à Calcutta, laissant sa femme aux bons soins de son père... Seulement lorsqu'il revient, quelle n'est pas sa surprise et sa stupéfaction de voir celle-ci transformée en Déesse Kali ! Suite à un rêve un brin surréaliste, le pater, à la moustache à la Dali, se persuade que sa belle-fille est l'incarnation de la Déesse hindoue... La jeune femme semble au départ un peu dubitative, puis se prête au jeu en recevant des pèlerins par poignées et perd les pédales quand elle soigne un gamin mourant - elle a des dons de thaumaturge, un truc aussi formidable qu'une poignée de main macronienne (seule capable de blanchir la peau de Trump). Son mari, lui, n'est point dupe et tente de ramener sa femme sur terre - en pure perte... La tragédie finira par survenir lorsque la Kali en herbe décide de soigner son neveu - qui meurt dans ses bras - oups. La petite leçon de morale satyajitienne est on ne peut plus claire...

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Ce qui épate le plus dans ce Ray, c'est l'incroyable simplicité de l'histoire et de la mise en scène ; des silences, des regards échangés, des mines consternées, tout le film semble tenir sur ce mince fil d'attitudes muettes. Le pater a des airs extatiques, la jeune femme un air apaisé et le mari observe le tout (belle séquence derrière les barreaux) en prenant un air interdit, totalement impuissant devant la véritable comédie pas vraiment drolatique qui se joue sous ses yeux. Les fidèles affluent, la jeune femme prend une assurance à la Brigitte et plus rien ne semble pouvoir interrompre cette absurde mise en scène. Ray laisse se dérouler tranquillement sa petite mécanique, attendant patiemment que ces croyances d'un autre âge se dégonflent comme un ballon de baudruche... Beaucoup aimé au passage l'allure fantomatique du mari qui erre dans la campagne lorsqu'il se rend compte que sa femme a totalement perdu la raison (et reste totalement muette à son amour) et cette autre scène, comme un écho, sur la toute fin, où sa femme se fond dans la brouillard, comme pour mieux rendre compte de toute la superficialité, du côté vaporeux, de l'inconsistance de ses croyances. Belle démonstration toute en finesse, bien belle oeuvre de Ray.

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