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4 avril 2017

Seule contre la Mafia (La moglie più bella) (1970) de Damiano Damiani

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Belle entrée dans l'œuvre engagée de Damiano Damiani (sympas, ses parents, ils avaient le sens du rythme) avec ce film sur la mafia, comme son titre l'indique, qui ouvre les portes du cinéma à Ornella Muti - elle a 15 ans, et elle est déjà Ornella : belle comme un cœur et terriblement talentueuse. Elle tient pratiquement le film sur ses épaules puisqu'elle tient tête non seulement au jeune homme mafieux qui veut l'épouser (Alessio Ornano, un regard d'acier, une gueule taillée à la serpe), à ses parents, à son village, à la Sicile entière. Autant dire que la chtite du haut de ses 15 ans a du cran. Son compagnon a fait une grosse erreur : lorsqu'il la viole, elle est prête à fermer les yeux (et c'est terrible à dire, dit-il) ; mais le fait qu'il soit incapable de s'excuser publiquement par la suite, ça, c'est franchement intolérable. Elle est prête à tout sacrifier : son honneur, sa famille, sa vie... Mais elle ne peut se résoudre à céder à la pression de ce petit mafieux de merde fier comme un paon. Les deux s'engagent dans un véritable bras de fer tout en sachant que ni l'un ni l'autre est prêt à faire une quelconque concession - va-t-elle finir les deux pieds dans le ciment au fond de la Méditerranée ou parvenir à envoyer ce petit roitelet et ses hommes de main derrière les barreaux ? C'est tout l'enjeu du film, un enjeu lisible chez les deux acteurs dans les terribles jeux de regard qu’ils échangent et qui pourraient transpercer des cloisons...

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On pense, suite aux ennuis avec la police de son oncle, que le jeune Alessio est irrémédiablement promis à un glorieux avenir dans le monde de la mafia sicilienne ; fidèle à son oncle qu'il respecte, il suit d'ailleurs l'un de ses conseils en choisissant, un, de se marier jeune, deux, avec une fille pauvre. Il jette son dévolu sur la pure et tranquille Ornella, fille de paysans. Elle a un fiancé, eheh, elle en a plus. Bon, est-ce qu'il y a d'autres obstacles ? Bon, ben, on est partis pour le mariage... Seulement la chtite n'est pas toujours d'accord avec les manières de son fier-à-bras et pour bien lui faire comprendre qu'elle n'est pas un pion, elle ne se présente pas le jour du mariage. Oups. Du coup, pas rancunier ni vexé, le gars, il la kidnappe et la viole... Tout en finesse, l'Alessio. Bon, soit il s'excuse, soit elle le dénonce à la police... Pas cap ? Ornella, quoique mineure, fait sa déclaration au commissariat et se tient prête à aller jusqu'au bout de la procédure s'il ne change pas d’avis ; est-il prêt à lâcher quelque chose ? Non ? Alors elle lui annonce que s'il ne revient pas sur sa position, elle tient également sa vie entre ses mains - un autre clan mafieux l'a contactée pour tendre un piège à Alessio... Va-t-il enfin comprendre ? Non ? Bon... Ornella ne se démonte jamais face à la pieuvre sicilienne, tentant de couper chacune de ces tentacules avec un couteau à beurre... et parvenant à la faire douter. Il ne sera finalement point question de l'ascension d'Alessio mais bien de ce combat entre un homme et une femme, entre Samson et Goliath, une Samson incarnée à la perfection par une chtite ado têtue comme un âne. Même le prêtre (entouré de ses cochons, le message est clair...) tente de lui faire entendre raison, de lui faire comprendre que dans l'intérêt de tous... L'Ornella plie mais ne rompt point et s'en va (la mort dans l'âme... car pour son Alessio elle en pince encore, malgré elle...) tout déballer à la police. Damiani rend parfaitement compte de ce climat de tension permanente qui règne dans ces petites rues siciliennes où tout "informateur" se fait rapidement vilipender par la foule... Mais la belle Ornella avec toute l'inconscience de son âge mais surtout, ancrée au plus profond d'elle-même, un sentiment de révolte des plus louables (comme on ne peut en avoir réellement qu'à cette âge, justement ?) ne baisse jamais la tête et presse la Bête mafieuse pour qu'elle rende des comptes du sang qu'elle a versé (le sien, ceux des autres, finalement qu'importe). Un film droit, direct, sans gras, et un portrait de femme magnifique qui fait déjà d'Ornella une actrice d'exception.  

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Commentaires
S
Ah oui, sale anecdote...
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M
Ornella Muti a souvent déclaré qu'elle gardait un souvenir affreux du tournage de ce film. Damiani la battait, par exemple. Se montrait très violent avec elle, la persécutait, l'insultait... Comme quoi, on peut être ce qu'on dénonce.
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