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2 avril 2017

Le dernier Rivage (On the Beach) (1959) de Stanley Kramer

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Voilà un étrange film de science-fiction censé se dérouler en 1964 qui bénéficie d'un casting de stars (Peck, beau comme un camion, Ava Gardner peut-être plus dans sa prime jeunesse mais avec toujours la classe, Perkins maigre comme un clou juste avant d'œuvrer un an plus tard sous la douche, Astaire tout pensif d'avoir 60 berges), qui tient la route et qui semble bizarrement oublié des radars. Kramer laisse planer un temps le suspense avant de nous faire comprendre que suite à une guerre nucléaire générale (on ne sait même plus comment celle-ci a commencé...) la plupart des habitants ont été rayé de la carte. L'Australie semble pour l'heure épargnée mais les radiations ne devraient pas tarder à gagner également ce continent. Bref, en un mot les hommes ont gagné, ils sont enfin en passe d’exterminer toute l'humanité. Sur cette trame joliment pacifiste, se nouent ou se dénouent des histoires d'amour (Peck et Gardner, Perkins et sa donzelle Donna Anderson aux relations plus chaotiques) pendant que d'autres flirtent dangereusement avec la mort (Astaire au volant de sa Ferrari). Un film qui mêle temps forts et faibles (la vie tranquille au sein du sous-marin parti en quête d'un territoire non touché sur le globe) mais qui parvient à faire sa petite impression.

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On sent que le film est assez osé pour son temps, film qui peina d'ailleurs, malgré son casting, à trouver son public. C'est bien dommage car Kramer tresse quelques scènes particulièrement impressionnantes. Qu'il s'agisse de filmer San Francisco désert (saisissantes images ; la fin de la séquence est tout autant réussie : le sous-marin laisse dans son sillage un équipier qui a choisi de déserter - il reste seul sur son canot à pêcher en attendant d'être atteint par les radiations ; il se sait condamné à vivre quatre ou cinq jours mais il préfère attendre la mort auprès de son sol natal), un scaphandrier courant dans une usine déserte pour chercher la source de curieux messages en morse qui se font entendre, ou la course contre la mort dans laquelle s'est engagé Astaire au volant de sa Ferrari (une course de bagnoles de dingues où les conducteurs partent dans le décor ou prennent feu comme des allumettes), le cinéaste se montre capable de nous clouer sur notre fauteuil. On sent comme rarement cette atmosphère de fin du monde et ce besoin chez certains d'atteindre ses propres limites.

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Heureusement, alors que les mauvaises nouvelles s'accumulent (le Pôle nord est contaminé et l'Australie ne va pas tarder à morfler), Peck et Gardner tente d'inventer une dernière histoire d'amour (désespérée donc belle, se répéta-t-il) ; Peck a laissé derrière lui, aux Etats-Unis, femme et enfants (il a bien du mal à admettre qu'ils sont tous bel et bien morts), elle, célibataire un brin alcoolo, est censée le "divertir" pendant son passage en terre australienne. Tout de suite, les deux monstres sacrés deviennent inséparable : ça chahute (Peck, gentleman légendaire, ose une main aux fesses d'Ava pour la ramener sur un navire (commentaire d'Astaire qui observe la scène à travers ses jumelles : "on dirait un film français !" - ohoh ; Peck, décidément très joueur, fera le même geste sur son équipier qui part en mission d'exploration), ça flirtouille, ça discute, ça picole et puis ça finit par se sauter dans les bras l'un de l'autre pour un baiser langoureux qui dure des plombes ; une ultime petite étincelle de vie dans ce monde condamné à mourir. Le monde vacille, à l'image des cadres assez audacieux de Kramer qui tente de légers décadrages, lors de tête-à-tête en amoureux : il semble clair que l'humanité a définitivement perdu pied avec la réalité. Même si le message pacifiste de Kramer est évident (le nucléaire va causer notre perte), le film n'est jamais plombant ; certes, Astaire ne respire pas l'optimiste et Perkins doit constamment serrer des dents pour gérer les doutes de sa femme déprimée (ils viennent d'avoir un enfant, son avenir est sombre...)… Mais Gardner et Peck, en jouant souvent les amants frivoles, apportent une petite touche d’insouciance salvatrice – ce petit couple est touchant comme tout et on les suivrait jusqu'à la fin du monde… ça tombe bien, c’est pour bientôt. Kramer va jusqu’au bout de la logique pour, dès la fin des fifties, lançait un message d’alerte. Son film, malgré les baisses de tension, possède une véritable originalité et touche par l’évidente implication de Peck et de Gardner dans leur rôle. Un film à redécouvrir. 

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