Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 avril 2017

Fahrenheit 9/11 de Michael Moore - 2004

dossier-fahrenheit-911-michael-moore-lombre-1-L-szmgUF

On continue dans les tueries américaines avec ce doc qui obtint la Palme d'Or (prix franchement usurpé, quand même) en ces temps où Cannes servait de température politique au monde. Notre cher Michael Moore revient donc sur le 11 septembre, et surtout sur les conséquences désastreuses qu'a eu l'événement : la guerre en Irak, la rupture du monde vis-à-vis de la politique de George Bush Jr et les centaines de milliers de morts dans un camp et dans l'autre. Il le fait avec ce ton caustique qui fit sa gloire, l'associant à un esprit Charlie Hebdo, mais le soupçonnant également de propagande. Et propagandiste, le film l'est férocement : on pourrait passer les mêmes images avec un commentaire conservateur, le film dirait exactement le contraire de ce qu'il dit. Toute la subjectivité du gars repose dans les commentaires qu'il pose sur les images d'archive, faisant parler un petit rictus de Bush ou un film publicitaire sur l'Arabie Saoudite. A côté, Herzog, c'est la rigueur. Il ponctue ce flot d'archives par des saynètes réalisées à l'arrache, où il se met en scène en train d'invectiver les politiques ou de brâmer les articles du Patriot Act depuis une camionnette à glace sonorisée, réalisant un truc à la frontière de l'amateurisme, du happening et de la rigueur documentaire ; et mettant à jour, surtout, le véritable scandale de l'après-11 septembre, qui plongea le monde dans le chaos (et qui a encore des répercussions de nos jours).

Fahrenheit1

Si on est tant soit peu de gauche, on ne peut que se passionner pour cette enquête très orientée, qui tend à prouver (chose désormais admise, mais qui était encore neuve à l'époque) que Bush s'est servi des attentats pour déclarer la guerre à un pays qui n'avait rien à voir avec eux ; une invasion en bonne et dûe forme, en vue de s'approprier le précieux pétrole, qui amena la mort de milliers de civils pendant que le chef d'Etat, confit dans sa crétinerie, golfait joyeusement et chassait le tatou dans ses propriétés. Il met aussi à jour le double-jeu des politiques qui protégèrent la famille Ben Laden et utilisèrent via les médias la peur intrinsèque de la population. Un constat à charge, désolant, qui fait qu'on n'arrête pas de bondir dans son fauteuil et de maudire ces crétins qui nous gouvernent. Et tant pis si le documentaire est honteusement partisan. Il est clair que montrer Bush attendre 7 minutes pour se décider à réagir lors de l'annonce des attentats, dans l'esprit de Moore, c'est scandaleux ; quand on réfléchit, ce n'est peut-être pas si honteux d'être sonné par la nouvelle, mais on est d'accord avec lui. Le film va ainsi son chemin, en nous expliquant soigneusement ce qu'il faut comprendre dans chaque petite parole ou chaque petite image qu'on nous montre. On se sent manipulé, c'est clair, mais on se dit aussi que ça fait partie du jeu, et que Moore n'est peut-être après tout pas si éloigné que ça de la vérité.

fahrenheit-41

Fahrenheit 9/11 contient en plus quelques idées de cinéma vraiment bonnes. Ça commence avec la très belle scène des attentats, où il ne garde que les images des gens qui regardent hébétés le ciel et les tours qui crament, laissant hors-champ l'acmé de l'événement. Ça continue avec des images de cartoons, ou de publicité, ou de cinéma de fiction, que le gars glisse plus ou moins subtilement au milieu des images réelles, et qui viennent commenter tel ou tel fait. Et puis il y aussi cette belle progression dramatique dans le personnage de cette femme, convaincue au départ du bien-fondé de la guerre, de la grandeur de l'Amérique amen, de l'honnêteté de son président, et qui déchantera bientôt quand revient au pays la dépouille de son fils engagé : l'errance de la dame devant la Maison Blanche, hurlant "I want my son back" en dit plus long que mille images. Bref, pas de doute, Moore sait faire du cinéma, et surtout se montre brillant au montage : la somme de documents qu'il réunit, et leur mise en scène l'un par rapport à l'autre, sont impressionnantes. Alors, certes, on n'est pas dans la grande oeuvre cinématographique immortelle, mais le film se montre encore aujourd'hui utile et indigné, ce qui n'est pas le cas de maintes oeuvres tièdes ayant obtenu le même prix à Cannes.

Quand Cannes,

Commentaires
Derniers commentaires