Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
22 mars 2017

The Jane Doe Identity de André Øvredal - 2016

the-autopsy-of-jane-doe-olwen-catherine-kelly-972343

André Øvredal a un nom qui commence par Ø, et rien que pour ça il faut jeter un oeil à ce film qui, après le discutable mais intéressant The Troll Hunter, vient tranquillement nous confirmer qu'il y a peut-être là le début d'un commencement d'introduction de naissance de conception de soupçon d'un cinéaste. Une nouvelle fois, notre gars prend à revers les attentes du public lambda de film d'horreur : pas (ou très peu) de spectres gluants, pas de cataclysme, pas de dizaines de morts ou de zombies décomposés. Faute de moyens ou vraie volonté (ce qui, chez Øvredal, est souvent difficile à déceler), tout est question de point de vue, de fantasme, d'imagination, de suggestion dans ce film minimaliste et diablement malin.

the-autopsy-of-jane-doe-trailer-966409

Tout tourne autour de la dissection du corps d'une jeune fille inconnue, retrouvée sur une scène de crime. Un lieu unique, donc : une salle d'autopsie, où deux thanatomachins (père et fils) se livrent à un découpage en règle d'un corps érotisé à mort, et pourtant disséminé façon puzzle. Le mal qui a tué cette femme est en effet purement intérieur, ses tripes et son coeur sont en miettes ; extérieurement, elle est intacte, et le montage ne cesse de nous faire voir sans nous faire voir ce corps nu, dévoilé, offert. Plus le film avance, plus cet être devient pourtant maléfique, étrange, monstrueux ; mais jamais son érotisme n'est attaqué. Comme si le Mal, thème que veut traiter le film, échouait à infiltrer la surface du corps et donc du film. De là à avoir une lecture "politique" de la chose, il n'y a qu'un pas. On le sait depuis toujours, le danger représenté par l'Autre vient avant tout de nous-mêmes, les cellules menacées sont celles qui créent leur propre menace, c'est de l'intérieur que vient la mort. Comme il est ici question de sorcières torturées au XVIème siècle et qui reviennent se venger au XXIème, on peut s'amuser à lire le film comme une critique des excès religieux, lisse en surface, monstrueux en profondeur.

the-autopsy-of-jane-doe-trailer-966411

Mais foin des interprétations : le film est avant tout très agréable formellement. La simplicité de la mise en scène, qui ne se dément qu'à de rares occasions, et celle du scénario font toute la qualité de la chose. Particulièrement aimé ces innombrables plans fixes sur le visage de Jane Doe, toujours à peu près le même (là du sang qui coule du nez, là la bouche ouverte, là le cerveau à découvert) : juste une image, mais l'imagination du spectateur est là pour projeter tous les fantasmes possibles sur ce visage, et envisager le danger ; on attend que le visage se mette à bouger, et on est tendus sur cette toile "objective" comme dans les meilleurs films de monstres. Le film est à l'image de cette belle idée : simple, droit, sans surenchère. Si bien que quand un mort arrive, ou quand un spectre vient faire un tour, on trouve presque dommage que Øvredal ait cédé aux sirènes du genre. C'est quand il brouille subtilement les ondes d'une radio, qu'il fait entendre la tempête qui hurle derrière (jolis clin d'oeil à The Fog), qu'il montre sans en rajouter un père qui apprend à son fils comment arracher un coeur, qu'il est le plus troublant, et qu'il fait le plus peur. Un film de suggestion, que je vous suggère.

Commentaires
Derniers commentaires