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16 mars 2017

Paris n'existe pas de Robert Benayoun - 1969

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Robert Benayoun, renseignements pris, vient du surréalisme, et au vu de son film, on ne saurait en douter. Après avoir fumé une cigarette qui fait rire dans une soirée de dandy, Simon, un artiste-peintre en manque d'inspiration, se met à développer un don étrange : il parvient à voir dans le passé. Quand il se trouve dans une pièce, il voit les gens et les événements qui se sont succédé dans cette pièce, simultanément. Ces visions, de plus en plus précises, finissent par avoir une influence sur sa vie de couple (baiser avec des fantômes couchés dans le même lit, faut dire...). Bon, le souci, c'est que le film s'arrête un peu là, et ne fait pas grand chose de sa brillante idée. Une fois qu'on a compris le don du gars, ça stagne, et même si ses visions se font de plus en plus nettes, on aurait aimé que le scénario fasse évoluer cette histoire. Par exemple en développant l'imaginaire du peintre dans cette sorte de 4ème dimension, et on aurait eu une brillante variation sur le sens de la peinture, sur l'apport de la profondeur dans les tableaux ; ou en le faisant complètement tomber dans ce passé, et on aurait eu une réflexion sur les vertus de l'évasion en art. Voyez, j'ai des idées.

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Benayoun n'en a guère, et c'est dommage. Mais ça n'empêche pas son film d'être bien intéressant. D'abord parce que le gars aime les petit trucs hérités du muet, et les utilise avec beaucoup d'amour. Il peut passer des heures à regarder une potiche changer de place ou une table bouger de quelques centimètres, comme jadis Epstein ou Schoedsack. Ce côté "stop motion du pauvre" ajoute un véritable aspect artisanal à la chose. Benayoun ne fait pas dans la surrenchère, il préfère prendre une posture de poète cointemplatif que de chantre de l'action, et ses petits événements en sont d'autant plus troublants : qu'il aperçoive des exactions nazies en plein Paris, mélées à la routine de la ville des années 60, ou qu'il contemple fasciné une fille des années 20 en train de se maquiller, il fait naître un joli trouble qui mélange les temps et invente une sorte de nouveau voyeurieme moderne. Pour théoriser tout ça, il ajoute des scènes dialoguées avec Gainsbourg, dandyssime, qui y va de son discours philosophique sourcil levé (et qui en profite pour pondre une musique de film assommante et omniprésente) ; et pour le reste de la troupe, il réunit quelques intellos du moment et quelques girondes jeunes filles. C'est tout à fait agréable, quoi, et ça fait penser (pour les érudits qui nous suivent) au génial roman-graphique Ici de Richard McGuire.

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