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14 mars 2017

Elle s'appelait Scorpion (Joshû sasori: Dai-41 zakkyo-bô) (1972) de Shunya Itô

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Un peu de cinéma intello tout en finesse, cela ne peut pas faire de mal en ces périodes de vaches maigres. La série Scorpion, outre qu'elle a inspiré Tarantino, ne devrait pas déplaire à la Virginie Despentes de Baise-moi tant ici les femmes... sont aussi, comment dire, jusqu’au-boutistes que les hommes. D'une côté, nos amies les prisonnières menées par une femme entre deux âges pour être poli : enfermée pour avoir notamment tué ses enfants (son mari la trompait, ceci explique cela), elle met elle-même un point d'honneur à dire ce qu'il y eut d'original dans ses crimes - l'un de ses enfants n'étant pas encore né, elle s'est transpercée le ventre pour le mettre à mort – voilà, ça c’est fait. Sa spécialité sinon, depuis que les enfants son mort, flinguer les hommes en visant les couilles. On sent bien que si on mangeait des haricots avec elle, on ne lui confierait pas forcément l'ouvre-boite. C'est elle qui va mener le bal lorsqu'elle parviendra à s'échapper avec six autres femmes dont l'intrépide Scorpion (peu à la fête en début de film : enfermée depuis un an dans les sous-sols de la prison, elle se fait violer par quatre gardes sous l'œil de ses camarades féminines, histoire de l'avilir un peu plus - quand l'heure de la vengeance sonnera, ce ne sera pas pour jouer du triangle). De l'autre côté, nos amis les hommes, lâches (le superviseur de la prison qui chie littéralement dans son froc quand Scorpion se rebelle (bon appétit)), violents, violeurs, il n'y en a guère un pour sauver l'autre. Outre le gardien de prison ultra sadique et méchamment vénère depuis que Scorpion lui a crevé un œil, je remettrai la palme du bon goût à ce touriste japonais hilare qui se vante d'avoir violé les Chinoises à la pointe de son gun pendant le "bon temps" de la guerre. Mouais. Il finira à poil et truffé de balles si cela peut rassurer mes amis chinois.

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Lors de la cavale de nos sept dames revêches, on se doute bien que plus d'un homme et donc plus d'un flic va morfler (était-ce bien obligé d'empaler un tronc d'arbre sur le sexe de ce brave policier ? Après c'est vrai que c'est une histoire de goût). On s'attend forcément au pire après ce départ qui ne prend guère de pincette avec le fair-play ; on sera presque un peu déçu de voir par la suite que les règlements de compte se limitent surtout à quelques coups de couteau dans le bide (moins trash qu'on le pensait, cette affaire). On peut certes apprécier au passage ces décors désertiques du meilleur effet (sans parler de l'épisode de rafting un poil improbable...), on applaudira moins devant ces vignettes plus ou moins imaginaires (la sorcière, le rappel des crimes de chacune des prisonnières, l'évocation de la vengeance du peuple sur nos échappées...) qui sentent un peu trop le studio et la mise en scène sclérosée (merci pour les jeux de la lumière qui ont une fâcheuse tendance à virer au rouge). Dans le genre symbole féministe pur et dur, on pourra noter avec beaucoup plus de bienveillance cette superbe séquence de "source en forme de triangle inversée" dont les eaux deviennent ensanglantés (juste après le viol d'une des femmes – le photogramme ci-dessus est sans doute plus clair). Itô insiste un peu lourdement sur cette image mais on voit bien là un concentré du discours de l’épisode : plus les vagins saigneront, plus les femmes se vengeront (j'ai arrêté d'écrire mon recueil de haïkus, pour information). Bref un deuxième opus qui fait la part belle à la rage de ces femmes qui semblent prendre un malin plaisir à bousiller du mâle malsain - sans avoir besoin d'ailleurs de servir un long discours explicatif préliminaire, à l'image de Scorpion quasiment muette pendant tout le film : le temps est venu d'agir, baste. Si on comprend bien le message au niveau des revendications, ce second volet est, au niveau des images, parfois un peu trop tape-à-l'oeil (les effets de lumières, diable, allez-y mollo les gars) ; les décors naturels, disais-je, tout comme la scène dans la décharge font, de leur côté, leur petit effet visuel. On pourrait aussi regretter (on fait la fine bouche) qu’Itô  joue avec les frontières du gore sans malheureusement s'y attarder... Le discours de fond, lui, demeure heureusement indéniablement bien planté - comme une lame de rasoir dans l'oeil, tiens, pour la peine.  A suivre. 

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