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11 mars 2017

Ma Vie commence en Malaisie (A Town like Alice) (1956) de Jack Lee

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Voilà un titre de film qui m'avait échappé et qui pourrait aisément faire partie des conseils filmiques du guide du Routard (on cherche des sponsors en ce moment). L'immense Jack Lee (je déconne) nous emmène donc faire une petite balade en "Malaya" pendant la guerre. "Petite" et "balade" ne sont pas vraiment les mots adéquats puisqu'il va suivre, durant un véritable tour de Malaisie avant la lettre (et non vélo mais bien à pieds), différentes femmes anglaises (et leur progéniture) dont les maris ont été faits prisonniers : trimballées de camps en camps, de ports en ports, de faux espoir en faux espoir, notre petit groupe de femmes d'expate anglaises (qui n'ont a priori plus fait d'effort depuis qu’elles ont appris à marcher) va suer sang et eau sur les routes malaisiennes. Elles n'ont pas l'air très gaillard à première vue, mais les Anglaises (surtout les vieilles) se révèlent de redoutables chevaux de trait capables de subir les pires infamies, les pires intempéries. Parmi elle se trouve la blonde Virginia McKenna qui va se plier en quatre pour venir au secours de ses compatriotes ; elle va rencontrer en route un pugnace Australien (Peter Finch) d'Alice Springs (d'où le titre original) qui va également tout faire pour l'aider : une romance en terrain hostile, un drame passionnel en temps de guerre ? Que peut bien nous réserver cette production anglaise de ce fameux Jack.

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Avouons, sans faire le fier et le dédaigneux, qu'avec peu de moyen et deux trois transparents sur le pays, Jack Lee assure le taff. Il ne révolutionne pas le cinéma (non, c'est un Anglais) mais il parvient à nous faire croire à ce périple entre femmes en terre exotique. Même si son chef maquilleur a un peu la main lourde au niveau des effets "coups de soleil" (pourquoi leur peindre le visage comme des mécanos ou des Indiens ?), le cinéaste sait se montrer de son côté assez ingénieux pour nous rendre ce périple crédible et pas trop lassant (il est quand même question pendant une majeure partie du film que de femmes qui marchent - sans parler, certes, cela ajoute un charme) : il sait varier les plaisirs au niveau des décors (palmiers, forêt, marais...), des intempéries (soleil ravageur et pluie torrentielle) et des dangers (le moustique qui rôde, le serpent qui surprend, la bilharziose qui guette). Les effets mélodramatiques (une femme ou un enfant qui meurt, le truc tire-larme par excellence) sont assez bien dosés (le marais produira son lot de pertes mais toute la séquence reste filmée de façon assez sobre, sans excès de musique sirupeuse) et l'on sent que notre homme ne cherche pas trop, sur ce terrain-là, à abuser de la corde sensible (de même qu'il essaiera d’être parfois tempéré dans le portrait de l’envahisseur en nous montrant un ou deux Japonais sensibles et humains - c'était pas gagné d’avance). Au niveau « sensible », il préfère jouer la carte de la rencontre impromptue entre cette Anglaise et cet Australien qui vont ensuite, à de multiples reprises, croiser leur chemin : qu'ils échangent un sourire, une clope ou un petit résumé sur leur petite ville natale, ces rencontres en catimini apporte une petite touche de romantisme ordinaire qui va finalement bien au teint du film - une petite lueur de chaleur dans le malheur, genre. Ce n'est peut-être pas grand-chose mais on finit par s'accrocher à ce sympathique petit couple qui nous humidifie les mirettes. Un film anglais, hein, d'honnête facture, qui, tout en décrivant un contexte historique et géographique original avec une certaine sobriété (bon, pour les danses folkloriques malaises, je n'ai pas ma spécialiste W. sous la main, mais ça fait le job), livre une romance qui, c'est le cas de le dire ici, tient gentiment la route. Pas si mal, « hit the road » Jack.

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