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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 mars 2017

Boss (Boss Nigger) de Jack Arnold - 1975

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Jack Arnold est un peu le champion de la série B, et mon camarade Shang et moi pouvons attester qu'il a donné naissance à quelques petits trésors de divertissement. Mais à 60 ans, il réalise cette série B-prime, et là on tique un peu plus. Pour tout dire, on ne sait pas trop ce qui a pu l'attirer là-dedans, si ce n'est que le film s'inscrit dans la lignée de la "blaxploitation", alors très en vogue à l'époque, et que le gars s'achetait ainsi un ticket "Black Panthers" à moindre frais. A part ça, on reste assez consterné par le film, moche et maladroit, qui craque à toutes les coutures et très pénible. En fait, il s'agit d'un western banal, avec tous les poncifs du genre (et Arnold y va, côté poncifs du genre) sauf que les deux héros sont noirs. Boss et Amos sont en effet deux chasseurs de prime sans pitié qui prennent d'assaut le bureau du shérif d'une petite ville sous la coupole d'un bad guy. Sans vergogne et en se riant joyeusement du racisme plus ou moins déclaré de leurs concitoyens, ils endossent l'étoile et se mettent en tête de débarasser la city du félon et de ses sbires (dont le maire, veule et détestable). Ils y arriveront, mais à quel prix, celui du sang et des armes, suggèrerais-je pour mettre en haut de l'affiche.

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Au départ, on s'amuse des provocations des deux gaillards : le racisme, ils le traitent frontalement, à grands gnons ou au moyen de lois anti-raciales basiques mais efficaces. Tu prononces le mot "nigger", bam trois jours de tôle ou 30 dollars. A ce prix-là, les gusses s'enrichissent vite, et la ville tait ses a priori. On aime cette saine anarchie, cette libération sans scrupule des gusses. L'un d'eux va même draguer tranquillement l'instite du coin, une blanche, alors que tout le monde croit que son coeur est à Clara Mae, une black qu'ils ont sauvée des griffes du félon. Cet aspect comédie fonctionne bien dans un premier temps, et on ferme les yeux sur les milliers de défauts du bazar : la musique funky absolument affreuse, le montage incohérent, les personnages monolithiques et surtout les acteurs en-dessous de tout.

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Mais peu à peu, le film change de braquet : en plus d'être fun et gentiment provocateur, il veut être sérieux, et là, le bât blesse beaucoup plus. La deuxième partie, qui voit l'affrontement sanglant entre les deux parties, est carrément ridicule, avec ces grimaces clownesques des protagonistes et ces coups fourrés d'enfant de deux ans. Les acteurs sont trop nuls pour être jamais crédibles, et Arnold semble être dépassé par sa caméra, qui zoome comme une malade et commence des travellings qui ne vont jamais au bout, envoie des effets groovy dans les moments les plus pathétiques et filme des champs/contre-champs achetés dans des paquets Bonux. On finir par oublier que les protagonistes se battent pour leur libération (ça, c'est un bon point) et on regarde juste un western de bas étage accumuler les morts placidement. J'ajoute que si le film est irréprochable pour la cause des noirs, il est beaucoup plus discutable sur celle des femmes, réduite à quelques clichés bien pourris et rétrogrades. Un film intéressant historiquement, mais inregardable à tous les autres points de vue.

Welcome to New West

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