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Shangols
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26 février 2017

Pictures of the old World (Obrazy starého sveta) (1972) de Dusan Hanák

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Voilà un documentaire d'origine slovaque (pour peu que l'on fasse cas de "régionalisme" à cette époque) qui touche droit au cœur. Dans une mise en scène simplissime "à la Depardon", Hanák interroge des anciens de la campagne, des petits vieux tout ratatinés qui vivent dans une grange ou dans leur ferme d'un autre temps. Des vidéos mais aussi des photos de nos vieux pris sur le vif viennent compléter ces différents portraits. On est dès les premières minutes à la fois ému par la spontanéité et les propos sans filtre de ces anciens pour la plupart peu éduqués mais qui philosophent sur la vie et sur ses "valeurs" d'une façon lapidaire et fulgurante. A chaque fois que l'on déniche dans son repère l'un de ces petits vieux dissimulés derrière ses rides, on sent qu'on va être touché par un simple regard d'outre-tombe ou par une simple phrase qui résume toute une vie. "Si je ne bois pas, je tombe malade" (comment ne pas être d'accord avec ce véritable onzième commandement), "Ma Manda (un chat), elle me connaît" (dit cet autre qui a depuis longtemps oublié les femmes), et puis il y a tous ceux qui, interrogés, regardent le micro d'un sale œil ou ne répondent tout simplement "je ne sais pas" avec les deux dents qui leur restent et une dernière étincelle de vie dans les yeux. Difficile, entre autres, de ne pas être sidéré par ce type qui fabrique des œuvres hallucinantes avec des automates ou par cet autre qui continue de s'occuper de sa ferme avec deux jambes qui furent broyées par une charrette : quand on le voit sortir de l'étable à quatre pattes derrière sa vache ou ouvrir la porte, toujours dans la même position forcément, à ses moutons, on a l'impression d'être projeté douze siècles en arrière, dans un autre temps, un temps où chacun dans son coin doit se démerder avec ses propres moyens.

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C'est d'ailleurs sûrement ce qui sidère le plus dans ce documentaire, c'est cette capacité à capter les témoignages, dirait-on, des survivants d'une autre ère, d'un monde en train de disparaître. On est également totalement happé par la beauté des photos en noir et blanc et par l'étrange vigueur de ces personnes qui condensent devant la caméra tout ce qu'ils ont à dire sur leur vie en deux minutes (un modèle pour tous les types qui passent de nos jours des entretiens) en faisant preuve parfois d'une sagesse ancestrale. On est tout autant étonné de découvrir ce vieillard qui parle douze langues, que cet autre passionné par les étoiles et qui transporte sur lui, semble-t-il, toute sa bibliothèque sous forme de coupures de journaux ou encore par ce simple homme pour qui le paradis sur terre se trouve en compagnie de ses moutons. Il y a ceux qui s'essaient à jouer d'un instrument local (un immense flutiau ou une cornemuse du cru), les sons sont absolument affreux le plus souvent mais cette dissonance convient finalement parfaitement pour décrire ces individus qui sont très loin des "normes" actuelles, vivant leur vie comme ils l'entendent, et l'ayant toujours vécu comme ils l'ont entendus. Une leçon cinématographique au niveau de la beauté brute du doc et une leçon tout simplement de vie. Scié par la chose.  

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Commentaires
S
C'est le principe eheh
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N
Vous donnez limite envie de regarder un docu slovaque de 1972 en noir et blanc sur des paysans culs de jatte qui picolent, bravo Shangols ! Et merci.
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