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20 février 2017

Les Flics ne dorment pas la Nuit (The new Centurions) (1972) de Richard Fleischer

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Fleischer en ce début des années 70 fait son petit film à la gloire de nos amis flics, des êtres dévoués, souvent, mal aimés, certes, mais dévoués, donc, de façon parfois aveugle ... On ne peut pas dire que ce soit vraiment un portrait à charge (seules exceptions : un flic qui n'est pas très poli avec une prostituée et un autre qui descend une victime (armée) à la place du coupable : la bavure classique qui semble faire partie du métier...), le cinéaste s'attachant surtout à montrer que nos gars ont une vie de merde pour assurer la protection des humbles citoyens, qu’ils mettent souvent leur vie en danger mais qu'ils ont malgré tout du mal à s'en passer - le couple star de la chose (George C. Scott et Stacy Keach) en fera les frais. Au-delà de la subjectivité (ou de l'objectivité) de l'analyse, on remarque que flic est à la fois une vie faite de sacrifices mais une vie plutôt addictive - ce qui fait tout le paradoxe de ce taff. On verra ainsi comment Scott, une fois à la retraite, a du mal à décrocher et comment Keach, après avoir morflé sa part (divorce, coups et blessures, coup de fusil dans le bide...) revient toujours à chaque fois plus motivé que jamais sur le terrain. Une vocation, quoi.

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Fleischer nous fait suivre plusieurs brigades pour nous montrer la vie de nos petits gars lors des "tournées" nocturnes : on ramasse les prostiputes mais on sympathise avec (ça ne coûte rien de leur offrir à boire, pendant ce temps-là elles ne pratiquent pas leur métier illicite), on sauve du bébé maltraité par leur mère alcoolique, on règle les crises dans les ménages, on protège les travailleurs illégaux (si - à l'époque on reconnaissait qu'ils faisaient le travail que personne ne voulait faire) des propriétaires véreux (trop bons, ces flics), on règle les prises d'otage, on met un terme aux rixes entre bandes rivales... Bref, on ne chôme pas et on risque à chaque fois, surtout quand on s’y attend le moins, de se prendre une volée de plombs dans l'aile... Dangereux mais prenant, c'est ce qu'on croit lire dans l'oeil de Keach, même après ces premières désillusions sur le plan personnel (on est toujours tout seul, putain) et professionnel (il m'a tiré dessus, le con). Mais Keach, c'est plus fort que lui, c'est un gars de terrain, il a ça dans le sang et même s'il ne se fait pas trop d'illusions (il a été à bonne école avec Scott : ils ne vont pas régler toute la misère du monde), il retourne toujours au front (avec des bas : trop d'alcool tue le sens du danger ; et des hauts : on est pas à l'abri, lors d'une intervention quelconque, de tomber sur la femme de sa vie). Fleischer ne tombe pas dans le communautarisme idiot (blancs et noirs sont logés à la même enseigne) et livre une œuvre, à défaut d'être ultra critique envers le milieu, tentant de rendre compte des aléas de ce taff et de son influence sur l'individu : on se prend vite au jeu à jouer les centurions protecteurs des temps modernes (une véritable drogue qui nous fait souvent oublier qu’on est mal aimés) quitte parfois à oublier les dangers voire à s'oublier soi-même (l'équilibre, la sagesse, le confort, autant de mots qui ne peuvent rimer longtemps avec cette position d'homme toujours sur la brèche). Un honnête calibre.

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