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7 février 2017

Miss Peregrine et les Enfants particuliers (Miss Peregrine's Home for Peculiar Children) de Tim Burton - 2016

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Rien de génial, mais il y a indéniablement du mieux dans cette nouvelle production Burton, un retour en inspiration, un style très personnel qui le fait renouer avec quelques-uns de ses grands films à l'enfance cabossée qu'il nous donnât dans le passé. Ca reste une grosse production à écrans verts, attention, hein, mais tout de même : on trouve au creux de Miss Peregrine quelque chose de touchant, comme si l'enfant malheureux Tim Burton vagissait encore sous les combats d'images de synthèse.

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C'est l'histoire habituelle, quand on veut traiter du passage de l'adolescence à l'âge adulte, du monde oublié. Jake est un "ancien enfant", bercé depuis tout petit par les contes de son grand-père (Terence Stamp, effrayant) : il existerait un univers à part, menacé de tous côtés, tenu par une mystérieuse gouvernante et où vivrait une bande de gamins éclopés, étranges, possédant des dons particuliers. A la mort du pépé, notre gamin n'aura qu'une idée en tête : trouver l'univers de Miss Peregrine. Il le trouvera, caché dans un pli du temps, et fera la connaissance de ses petits pensionnaires, tous tordus, tous attachants. Une façon de renouer avec Edward Scisorhands et Ed Wood, Pee-Wee et Beetlejuice, sauf que cette fois, l'univers fermé de la pension se doit d'être protégé à tout prix : des méchants aux yeux blancs (le film est assez éprouvant, vous voilà prévenu si vous voulez y emmener votre fille de 4 ans) se font menaçants. Notre héros adolescent arrivera-t-il à protéger la petite troupe (comprendre son enfance, son pouvoir d'imagination) des attaques des fâcheux (comprendre les adultes) ? La deuxième partie du film nous fait retrouver le Burton qu'on n'aime pas, celui qui sur-utilise les trucages et perd son scénario sous les explosions et la surenchère spectaculaire. Certes, c'est plutôt "bien fait", comme on dit ; mais on a l'impression que la délicate magie de la première inspiration est noyée sous les effets 3-D à la con. Le gars tient un sujet, et contrairement à ce qu'il réussissait dans le passé, n'a pas le courage de le mener jusqu'au bout, simplement.

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Par contre, la première heure est très belle. L'imagination du gars (bien aidée, il est vrai, par l'auteur du roman, Ransom Riggs) semble n'avoir aucune limite, et son portrait de la communauté de Miss Peregrine est parfait. A la fois effrayant (un cadavre marionnette, des jumeaux masqués, un môme rempli d'abeilles, une fillette dotée d'une bouche affreuse derière la tête) et attachants (une fille qui s'envole dès qu'elle n'a plus ses chaussures de plomb, un gamin-cinéma qui parvient à projeter ses rêves sur la toile (autoportrait en creux de Burton ?), une petite fille qui dompte la nature, un gosse invisible), les enfants de la pension sont tous déviants, gagnés par une sorte de handicap, plus que par un don. La troupe est comme repliée sur elle-même, dans une boucle du temps qui lui évite le danger de la mort (une bombe nazie, qui tombe chaque jour sur le château avant que Miss Peregrine interrompe le cours du temps, et recommence éternellement le même jour), comme un univers préservé de tout. Belle parabole sur l'enfance, que Burton regarde avec une sorte d'effroi et de bienveillance à la fois. Elle est gardée par un personnage assez ambigu, genre de mix entre la bonne fée et la mère façon Comtesse de Ségur, et jouée par une Eva Green parfaite, toute en subtilité. Burton est très à l'aise dans cet univers barré où son imagination peut faire à peu près ce qu'elle veut, et ne se gène pas pour parler de sa propre enfance à travers celles de ces enfants biscornus et malheureux. Une première heure assez troublante et intime, une deuxième qui saccage la première, on a déjà une moitié de film valable, ce qui n'était pas arrivé au gusse depuis Mathusalem.

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