Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 février 2017

Moonlight (2017) de Barry Jenkins

vlcsnap-error530

Voilà le genre de film totalement inattaquable sur le fond, traité avec une vraie sobriété, mais qui laisse malheureusement un petit peu sur sa faim formellement - et ce malgré quelques séquences "sur la longueur" très réussies. L'histoire donc, en trois temps, d'un homo dans la banlieue de Miami : gamin, le petit Chiron surnommé justement "Little", est souvent pris à partie par ses congénères et trouve refuge (sa mère se drogue, pas de bol) chez un cador de la drogue (et sa charmante copine, moi c'est Shang) qui le prend sous son aile ; ado, il est toujours pris à partie par ses congénères et trouve au besoin refuge chez la charmante copine pré-cité (sa mère se drogue toujours et a des soirées "occupées", il faut bien trouver l'argent) ; il a au cours de cette période sa première expérience sexuelle on the beach ainsi qu'un premier "petit" accroc avec la justice - la vengeance est un plat qui se mange chaud et se paye tiède ; later on, jeune adulte, on le retrouve en cador bling bling de la drogue : la question que tout le monde se pose à ce moment-là (et surtout son meilleur ami (celui avec lequel il a...), lors d'une scène finale redoutable), c'est "que reste-t-il du petit Chiron si tendre d'antan ?" Et c'est l'un des enjeux principaux du film, on le voit bien.

vlcsnap-error078

Quand on fait le bilan, c'est vrai qu'avec le gars Chiron on ne peut pas dire qu'on a eu la même enfance - le fait est indiscutable. Malgré tout, c'est le premier bon point de Jenkins, on arrive facilement à comprendre ce qui se joue dans la tête de ce petit garçon mutique : nom de Dieu de bonsoir, ma vie dans ce contexte guère ouvert à la tolérance, s'annonce coton !!! On sent que le cinéaste, dès le départ, c'est le second bon point, ne cherche pas à faire dans l'esbroufe (au niveau de la violence, du sexe...) cherchant simplement à filmer à hauteur d'homme tous ses personnages (il a malheureusement beaucoup plus de mal à filmer autre chose que des gros plans...). Notre petit homme trouve donc tout d'abord une figure tutélaire qui le rassure (longue séquence toute en complicité de baignade en mer), vit ensuite sa première émotion/éducation sexuelle avec un partenaire doux comme un agneau (longue séquence toute en observation au bord de la mer) et retrouvera sur la toute fin son premier (et dernier) amant pour une séquence bilan émotion. Le problème, s'il faut être un peu pointilleux, c'est qu'entre ces trois longues séquences durant lesquelles Jenkins ne cherche jamais à précipiter les événements (c'est le troisième bon point), il ne se passe pas grand-chose de vraiment marquant. Jenkins filme en effet ses trois acteurs (un pour chaque période - quatrième bon point : aucun mimétisme recherché d'un acteur l'autre) en les suivant à la trace, en laissant rarement leur visage sortir du cadre : le concept est parfois un peu sclérosant, comme s'il empêchait tout recul par rapport à cet individu englué dans cet environnement hostile. C'est d'autant plus gênant que la vraie question du film est de traiter de la difficulté permanente pour Chiron de suivre sa propre voie ; on comprend bien, dans la dernière partie du film, que ce dernier a fini par choisir la voie de la facilité : s'oublier, se fondre dans son environnement (en devenant dealer) pour qu'on l'oublie. La très belle dernière séquence, où il semble enfin reprendre conscience de lui-même par le biais du regard de son ami, clôt ceci dit très joliment cette œuvre - dommage que diverses scènes, au cours du film, manquent un peu de spontanéité pour ne pas dire de vie... Mais on pardonnera aisément ces petites faiblesses à ce jeune cinéaste qui saura sans doute avec le temps se libérer de cette mise en scène parfois un peu trop sage.

vlcsnap-error441

Commentaires
S
Ceux qui ont voté Lalaland ont tenu 5 minutes de moins. D'où.
Répondre
G
J'ai tenu 45 minutes avant de m'effondrer sous les montagnes de bien-pensance et de mise en scène lissée. Il a bien mérité l'Oscar, celui-là...
Répondre
Derniers commentaires