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25 janvier 2017

LIVRE : Le Pas suspendu de la Révolte de Mathieu Belezi - 2017

9782081293663,0-3719917Difficile de se faire une opinion, en bien ou en mal, sur ce livre qui part littéralement dans tous les sens. C'est bien son but, d'ailleurs : les 6 parties qui composent ce roman choral sont comme 6 romans différents, en tout cas 6 genres littéraires qui tentent, chacun à leur façon, de dresser le porrtrait d'une famille à l'instant T : l'instant T étant constitué d'une bagarre qui a lieu lors d'un repas d'anniversaire. Alors forcément, comme on a 6 romans en un, certains accrochent, et d'autres déçoivent, voire énervent. Belezi place au début sa partie la plus intéressante : un homme décide de fuir sa famille, pour s'adonner à une errance criminelle dans sa voiture. Paumé et harcelé par sa femme, il annonce immédiatement la couleur : il va s'agir de décrire l'abandon du sentiment de révolte, ce passage difficile où la fougue adolescente, l'utopie des premiers jours, se fracasse contre le mur du quotidien et du pragmatique. Cette partie-là, avec sa violence et ses répétitions, son blues infini et ses constats de lâcheté, illustre parfaitement le sujet.

Ensuite, on se laisse couler dans cette succession de situations : une partie assez psychologique avec cette femme qui noie son renoncement dans le sexe ; une farce décomplexée avec ce centenaire rebelle ; un chapitre éprouvant, à la Easton Ellis, avec la cavale de deux adolescents tueurs et complètement immatures ; une partie plus "sociale", avec cette femme abandonnée et condamnée à la vie ménagère la plus plate ; et enfin, retour au polar avec ce flic qui mène l'enquête sur un serial-killer. Chacun à sa manière, ces personnages, reliés entre eux par des liens familiaux qui s'effritent, représente un état de la révolte aujourd'hui, entre renoncement, cynisme, violence et révolution de maison de retraite. Belezi rappelle subtilement, à intervalles réguliers, le passé engagé de chacun, et regarde avec amertume les élans passés s'éffondrer dans la trivialité.

Bien aimé la grande majorité de ces "nouvelles", jamais psychologisantes, toujours dynamiques. Si la première a ma préférence, il y a dans chacune des surprises et des grands moments d'écriture. On ferme les yeux sur le tic consistant à ne pas mettre de point à la fin des phrases ni de majuscule au début, et on aime ce rythme répétitif, rapide, heurté et fluide à la fois, que Belezi trouve, ce mélange bien dosé entre discours intérieur, conversations téléphoniques infinies, et passages à l'action tendus. Il n'en est pas moins vrai que, brusquement, le gars se met à ne plus savoir écrire : la cavale meurtrière des adolescents est ratée par exemple, mais certaines phrases font mal aux yeux, sentent le bâclage, l'écriture un peu rapide. On hésite alors entre roman de gare efficace et beau livre profond, et cette valse hésitation donne un côté hétérogène au bouquin. La parenthèse avec le centenaire fait un peu tiquer, comme si on sortait du livre pour en commencer un autre, la partie sur le flic est moins tenue, plus sacrifiée à l'efficacité, comme si l'auteur en avait un peu marre. Bref, je reste un peu dubitatif, même si je reconnais le plaisir total que j'ai eu à lire ce roman, qui ne vous lâche pas un seul moment, discrètement profond et sur-efficace. Vous le lisez, et vous me dites ?

Commentaires
Z
Je viens de le terminer... et je ne sais absolument pas quoi en penser... je crois que je suis quand même déçue par ce livre, que j'ai trouvé assez violent, cru, qui m'a un peu laissé sur ma faim...
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