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21 novembre 2016

Cas no 1, Cas no 2 (Ghazieh-e Shekl-e Aval, Ghazieh-e Shekl-e Dou Wom) (1979) d'Abbas Kiarostami

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Intéressant dispositif mis en place par Kiarostami : un prof, une classe, des élèves. Pendant que le prof dessine un truc au tableau, un élève du fond s'amuse à faire du bruit. Au bout de la douzième fois, le prof perd patience et vire les sept gars des deux derniers rangs. Soit l'un d’eux dénonce le coupable et il sera réintégré à la classe (Cas no 1). Soit les sept devront attendre une semaine dans le couloir avant leur réintégration (Cas no 2). Après avoir montré chacun des deux cas succinctement filmés, une foule de personnes (parents d'élèves, ministres, éducateurs spécialisés, artistes, journalistes...) est amené à réagir de façon concise sur ces deux cas. Faut-il dénoncer le perturbateur, faut-il faire acte de résistance, faut-il ?

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On sent bien que le film se déroule peu de temps avant la révolution islamique tant la parole est libre, dialectique, pesée. Si quelques parents sont prêts à défendre l'élève qui va dénoncer le perturbateur (je travaille pour que mon fils aille à l'école pas pour qu'il se branle la nouille, grosso modo), la plupart s'oppose au professeur (incapable d'intéresser ses élèves, c'est lui qui est responsable de cette enviede perturber le cours ; de plus, il place délibérément ses élèves dans une position difficile (dénoncer ses pairs ou rater la classe) plutôt que de trouver une solution par lui-même) ou cherche à défendre la solidarité entre les sept élèves. Comme le dit très justement un responsable religieux en citant le coran : il vaut mieux ne pas condamner un coupable que d'accuser un innocent (à méditer, la religion islamique possède des ressources infinies...). On retrouve d'ailleurs ce même esprit qui prévalait dans le joli moyen métrage qui se déroulait également à l'école : ne pas encourager les élèves à dénoncer leur camarade était une vraie profession de foi chez le principal. Du même coup, même si les avis différent sur de nombreux points, il y a ce souci général de ne pas chercher à bâtir une société construite sur l'esprit de délation. Certes, l'étudiant perturbateur a ses torts... Mais le prof a également les siens dans cette situation et il ne remet en cause ni sa pédagogie (chiante comme la pluie) ni cette curieuse décision qui consiste à forcer un élève trahir ses camarades, ses pairs... Les avis foisonnent et l'on est souvent surpris (avec nos petits a priori bêtement occidentaux) de voir de bien belles paroles de sagesse et de mesure venant en particulier d'ayatollah (le diable incarné avec son turban…). Un cas d'école, voire deux, à méditer, chacun des participants à la discussion fournissant du grain à moudre. Vive Abbas, pour sûr.

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 A tout Kiaro

Commentaires
M
J'oubliais : qu'est-ce qu'ils prennent les pauvres enseignants ! Celui du film aurait peut-être dû dessiner son oreille géante tout en faisant cours, mais il ne méritait de se faire pourrir de la sorte.
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M
D'après mes sources, celles du site MK2curiosity, "Cas no 1, Cas no 2" serait sorti peu après la révolution islamique. D'ailleurs, vérification faite, un des intervenant, Sadeeg Ghotbzadeh est alors "directeur de la radio et de la télévision de la République islamique d'Iran" (39', 11').<br /> <br /> <br /> <br /> Cela dit, non quand vous écrivez "la religion islamique possède des ressources infinies". Il y a quelques belles paroles dans le Coran, mais on lit presque à chaque page des menaces contre les infidèles, les mécréants et autres pourris qui n'adorent pas le vrai Dieu. (La Bible ne vaut pas mieux.)<br /> <br /> <br /> <br /> Pour conclure, Kiarostami est un cinéaste exceptionnel que je ne peux qu'aimer et je m'étonne un chouia qu'il ait pu tourner des films qui, à mon sens, critiquent plus ou moins directement le pouvoir en place. Tout est plus complexe qu'on ne le pense, si vous me passez ce lieu commun, et j'irais volontiers en Iran, ne serait-ce que pour marcher sur les routes de ce cher Abbas.
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