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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
2 novembre 2016

Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake) de Ken Loach - 2016

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Je ne sais pas si Ken Loach est un indécrottable naïf ou un nécessaire optimiste, mais une fois de plus il montre avec I, Daniel Blake une foi dans le prolo qui force le respect. Dans son monde, à mille lieues de la réalité, le prolo est un brave type, solidaire, compréhensif, rigolo, qui doit lutter pied à pied contre une sorte de masse indéfinie, appelons ça "les autres", tous des connards à différents degrés, et qui mettent leur point d'honneur à l'emmerder. A la fin, le prolo perd, mais livre un discours vibrant d'humanité visant à dénoncer le système inique et les banquiers mercantiles. Voilà le monde fantasmé de Loach, qui n'a pas dû beaucoup sortir depuis quelques années pour avoir une vision aussi tranchée des classes sociales. En tout cas, il nous sort une nouvelle fois un film tout en dignité, qu'on croirait réalisé dans les années 80, absolument indiscutable pour peu qu'on le regarde comme déconnecté de toute réalité, que les profs d'éco passeront dans quelques mois à leurs élèves assoupis, et qui ne fait pas plus de mal qu'un pet de mouche.

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C'est l'éternel combat du pot de terre contre le pot de fer : Daniel Blake attend des nouvelles de son arrêt maladie, et en attendant il est obligé de pointer absurdement au chômage. Mais complètement largué dans le monde du travail, harcelé par les chipotages bureaucratiques et les illogismes, il va peu à peu s'enfoncer dans une spirale absurde et frôler la banqueroute. Heureusement il rencontre une jeune mère encore plus dépourvue que lui, avec qui il va retrouver le goût de l'entraide. Bon, c'est bien mignon, tout ça, on pleure plus souvent qu'à notre tour sur ces connards de l'administration, tous odieux quand ils ne sont pas qu'incompétents, qui se heurtent aux ouvriers, artisans et dealers du coin, tous sympas. Il y a des épisodes absolument terribles, comme quand la jeune femme est obligée de se prostituer, ou quand notre Daniel Blake est contraint d'utiliser internet alors que lui, son truc, c'est le bois (on le voit travailler de longues heures, à la lampe, une souche). C'est n'importe quoi, mais ça fait chaud au coeur, on se sent prêt dans les 3 minutes qui suivent, à partir au combat, on se sent de gauche à fond, on a envie de taper un patron, c'est l'effet visé. Bon, l'effet dure peu, on sèche ses larmes de crocodile et on retourne à la vraie vie, celle où le monde n'est pas tranché entre bons et méchants.

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On hurlerait à la bouse s'il n'y avait, malgré les couches de filtres pour se cacher la réalité, derrière ce dispositif dont ne voudrait pas un enfant de 12 ans, un vrai cinéaste. Parce que, oui, Loach, on a beau dire, sait filmer. Il sait surtout souvent avoir la bonne distance vis-àvis de ses sujets, gardant du recul par rapport à ses personnages, compensant par la mise en scène la lourdeur de son propos. Le plus beau plan du film : la pauvresse qui ne peut résister à ouvrir une boîte de conserve à la soupe populaire, et de manger avec ses doigts. Il y a dans ce cadre, avec le corps détourné de la caméra, dans cette distance curieuse, dans la durée du plan, un vrai regard, à la fois empathique et documentaire, neutre et subjectif. Le film, simple, sait souvent trouver ce regard-là, et on rêve d'un vrai scénariste, qui aurait des choses à raconter, avec cette réalisation. Avec un propos un peu crédible, le film mériterait une Palme d'or. Là, même pas une sélection.

Quand Cannes,

Commentaires
W
https://media.giphy.com/media/5Zesu5VPNGJlm/giphy.gif
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S
Bon... <br /> <br /> Entre une descente de Wilder d'un côté , celle de Wellman de l'autre, et Fillon quasi président...<br /> <br /> Je monte me coucher, les gars .
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S
... clovisse ??!! <br /> <br /> Vasistas?
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T
Raaaahh, Stars in My Crown ! Je rejoins les deux louangeurs, ce film est une authentique merveille. Une tranche d'Americana de premier choix que seuls certains Ford pourraient éventuellement côtoyer. De toute façon, pour moi Tourneur c'est comme le cochon... voyez un peu: les Val Lewton, les noir (La griffe du passé, 'tain La griffe du passé...), les westerns d'une incroyable beauté et densité (Canyon Passage, Wichita, Stranger on Horseback,..), les films d'aventures (Timbuktu, Appointment in Honduras, Le Gaucho), les trucs d'espionnage ou même pseudo, c'est bien simple j'aime tout ou presque. Ok, on peut chipoter sur les tous derniers et les tous premiers films de sa carrière mais vu tout ce qu'il nous a offert au milieu, on s'en tamponne la clovisse !
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C
Merci, Ham ("How dare you call me a ham ?" comme dans...). Le Tourneur a l'air très bien, il faut que je le voie. Tu as raison pour "Qu'elle était verte ma vallée", ça m'avait aussi fait criser : Walter Pidgeon, que j'adore depuis Tempête à Washington, joue à la fois M. Parfait et M. Je-sais-tout, mûr mais séduisant, vieux (mais pas trop) sage jamais surpris, toujours au contrôle de la situation, sachant toujours parfaitement comment réagir, ne connaissant pas le doute.... Je déforme peut-être, mais je le reverrai, je sais qu'on aime ça en Suisse... Ah oui, "Vous ne l'emporterez pas avec vous", c'est super drôle et très insolent... Bon, on en est à 4 exceptions : "La vie est belle", "Stars in My Crown", "Qu'elle était verte ma vallée", "La Tour des ambitieux". Allez, Mitch, un effort...
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