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1 novembre 2016

Les Conquérants d'un nouveau monde (Unconquered) de Cecil B. DeMille - 1947

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Gary Cooper et Paulette Goddard contre Boris Karloff déguisé en Indien, on s'apprête à passer un délicieux moment avec cette fresque qui ne lésine pas sur les moyens. Et effectivement, du fric, il y en a : les figurants inondent l'écran et tombent par centaines, les décors sont superbes, le technicolor technicolorise, et DeMille retrace un épisode sanglant de l'histoire américaine en y mélangeant allègrement la petite histoire : celle du capitaine Holden qui s'éprend d'une esclave, Abigail, et va l'arracher des griffes du vilain de service, l'infâme Garth qui a pactisé avec les Indiens. C'est bien glamour, la coiffure de Paulette est toute droite même après une chute de dix mètres dans les rapides, sa robe toute déchirée tombe à ravir sur ses gambettes, et Cooper a travaillé un regard fumasse à faire trembler des armées d'Indiens sanguinaires. Chaque seconde de ce flm semble avoir été fabriquée avec pour seul souci d'exalter l'âme américaine (blanche) et de donner du fun au prolo yankee qui rentre du boulot. De ce côté-là c'est réussi, on ne s'ennuie pas, et ma foi l'épisode narré l'est avec précision et sens du spectacle. Entre les différentes tractations tendues et les batailles épiques, nos amis ont bien du mal à rester en vie, et ce n'est qu'après 150 minutes d'aventures enlevées qu'ils réussiront enfin à abattre tous les méchants et à épouser qui de droit. La meilleure scène est bien entendu celle où le couple doit échapper aux Indiens en empruntant un kayak, et se retrouve entraîné par les rapides, les effets spéciaux et les transparences sont très judicieusement utilisés pour rendre tout ça le plus spectaculaire possible. Il est vrai qu'entre les moments d'action, DeMille se trouve un peu embarrassé par les scènes de dialogue, et que les seconds rôles, plus légers, destinés à apporter un peu de respiration dans le film, sont très caricaturaux. Mais le scénario, ultra-classique et cousu de fil blanc, va son chemin avec le professionnalisme de l'époque.

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Honteusement de droite, il tend à montrer les "natives" comme une bande de sauvages légèrement crétine et naïve, mais absolument sans pitié, et les Blancs comme des civilisés héroïques en lutte pour la sauvegarde de la démocratie. Cooper brandit la Bible comme rempart à la barbarie, tout va pour le mieux. Passons, c'est l'époque. Ce qui est plus gênant, c'est que, malgré les moyens, DeMille, encore une fois, se montre totalement dénué de style, ne parvenant jamais à rendre la moindre scène originale ou inattendue. C'est bien fait, je ne dis pas, mais tout, de la direction d'acteurs à la musique, des costumes au déroulement de l'histoire, est attendu, rien ne surprend, tout est hollywoodien en diable. Goddard est surprise en flagrant délit de bon profil, elle est assez nulle pour tout dire, les Indiens disent leur "ow" sur les scotch, les cadavres meurent dans des positions glamour. Mais tout (mis à part une flèche enflammée qui arrive droit sur la caméra, à la fin) suit son chemin pépère, et ce n'est pas l'acte de bravoure final de Holden,  qui attaque les sauvages avec une armée de morts, qui fera sortir le film de son ornière. On est dans le classique de chez classqiue, quoi, et on peut aller pisser tranquillement sans avoir le souci de perdre un truc important. A la fois très ambitieux et sans patte, quoi.

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Go old west, here

Commentaires
H
Pas revu depuis l'enfance (à l'époque, l'armée des morts m'avait fait un très gros effet), mais je suis quand même un peu dubitatif devant un jugement si tiède, tant par ailleurs 'Les Naufrageurs des mers du sud', 'Sous le plus grand chapiteau du monde' et 'Les Dix Commandements', du même cinéaste (oui : cinéaste, au sens fort du terme, et selon la distinction que Jean-Claude Biette faisaient avec « réalisateur » et « metteur en scène ») m'apparaissent comme des modèles absolus de cinéma populaire à grand spectacle, très très au-dessus par exemple d'un Spielberg qui a pourtant tant lorgné du côté de DeMille... Il faut un talent particulier, et même une certaine grandeur, pour donner une telle puissance cinématique à un matériau qui, au départ, relève de l'image d'Épinal !
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